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LA NAVIGATION AÉRIENNE.

calculer le sens et l’intensité des réactions qui s’exercent entre un corps et l’air dans lequel il se meut. Il faudrait pour cela des coefficiens numériques que l’expérimentation peut seule donner. » — Les recherches faites jusqu’à présent ne fournissent pas encore cette certitude scientifique, sans laquelle on ne peut établir la loi d’un phénomène. Cette insuffisance de données expérimentales préoccupe notre grande Société d’encouragement pour l’industrie nationale. Elle voudrait exciter le zèle des expérimentateurs : elle leur promet d’honorables couronnes. Souhaitons que son appel soit entendu.

Le problème de la navigation aérienne n’a sans doute pas reçu encore une solution définitive. L’imitation du vol des oiseaux n’a guère progressé depuis qu’on s’en occupe. Ce n’est pas non plus aujourd’hui ni peut-être demain que l’on peut dire que l’aéroplane, »

… s’enlevant d’un seul bond,
Bat l’air ébloui de ses ailes de flamme.

Mais son heure peut être prochaine. Le « Dirigeable » de Chalais-Meudon est, en attendant, une solution très satisfaisante, provisoire, pensera-t-on ; mais combien de temps dure le provisoire ?

Le savant M. J. Janssen, qui apporte depuis longtemps à l’aéronautique le concours de ses conseils et l’appui de sa sympathie scientifique, le disait, il y a un an : «… Le xxe siècle auquel nous touchons, et dont nous pouvons dès maintenant saluer l’aurore, verra réalisées les grandes applications de la navigation aérienne. L’atmosphère terrestre sera sillonnée par des appareils qui en prendront définitivement possession, soit pour en faire l’étude journalière, soit pour établir sur le globe des communications qui se joueront des accidens de la surface. »

Un pareil événement aura pour la civilisation humaine des conséquences d’une telle grandeur qu’il n’est peut-être pas trop tôt pour y préparer les esprits.

J. Fleury.