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rupture des négociations relatives à l’emprunt grec, la démission de M. Tricoupis et la baisse de cinq ou six points sur les fonds helléniques au Stock-Exchange.

Il n’en fallait pas tant pour ébranler l’optimisme le plus opiniâtre. À Vienne même, où la spéculation s’était bercée d’extraordinaires visions de prospérité et de hausse continue, fondées sur les bienfaits de la réforme de la valuta, le monde financier est obligé de compter avec les faits qui commencent à démentir ces illusions. La place de Berlin, qui depuis un certain temps jouait la baisse contre Vienne et avait subi de grandes pertes, pense qu’elle prendra bientôt sa revanche. Au Stock-Exchange, la liquidation de quinzaine a été difficile sous l’action de la forte baisse des fonds helléniques, de l’action De Beers, des valeurs brésiliennes, des Chemins américains, et sous la crainte d’une cherté plus accentuée de l’argent. La situation monétaire à New-York est toujours aussi indécise et troublée, et rien ne sera tenté avant l’automne pour mettre un terme à ces incertitudes. Un seul point lumineux apparaît dans cette brume opaque où une politique irrationnelle a jeté l’avenir monétaire des États-Unis : la déclaration faite par le secrétaire du Trésor qu’il paiera en or tous les engagemens du gouvernement, lors même qu’il lui faudrait faire une large brèche à la fameuse réserve de 100 millions de dollars, gage de la circulation des greenbacks.

La rente a énergiquement résisté à l’action de ces facteurs défavorables. Il est vrai que le mouvement des retraits de fonds aux caisses d’épargne s’atténue sérieusement ; déjà la Caisse d’épargne de Paris a pu présenter un léger excédent de dépôts. Le 3 pour 100 a été ramené de 97.20 à 96.65 et il reste à 96.85, gardant encore une avance d’une demi-unité pour cette première moitié de mai. L’amortissable a été porté de 96.40 à 96.95. Le 4 1/2 finit à 105.90 après détachement d’un coupon trimestriel de 1 fr. 125. L’annonce d’un déficit considérable dans le budget de 1894 a rappelé l’attention sur la conversion du 4 1/2, qui va devenir légalement exécutable au mois d’août prochain. Le gouvernement n’a pas encore arrêté ses résolutions à ce sujet. La conversion d’une telle masse de rentes aura pour résultat une économie variant, selon le mode adopté et la faveur des circonstances, de 50 à 100 millions de francs. C’est donc une aubaine magnifique pour un budget en déficit. Mais combien il est fâcheux que cette opération apparaisse comme une nécessité budgétaire au lieu d’être une mesure exceptionnelle de dégrèvement d’impôts, ce qu’elle aurait pu être si nos finances avaient été gérées avec plus de prudence et de sagesse !

Le rouble a été offert à Berlin et l’emprunt d’Orient a reculé de 69.60 à 69.30. Les fonds or se sont bien tenus, le consolidé 4 pour 100