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de Guillaume II et commandant de Potsdam, le conseiller intime von Lucanus, chef du cabinet civil de l’empereur, le baron Marschall von Bieberstein, ministre des affaires étrangères, — il remplace à Berlin, et à Rome, le comte Herbert de Bismarck, — le comte Eulenbourg, grand-maréchal de la cour et de la maison royale de Prusse, frère du président du conseil prussien, autrefois chef de l’office héraldique et grand-maître des cérémonies, le baron von den Bibran, brillant officier de marine, auquel on attribue la réorganisation de la flotte allemande, le général von Plessen, chef du quartier-général de sa majesté, colonel du 1er régiment de la garde à pied, de ce régiment qui porte encore les bonnets typiques et les buffleteries pittoresques du règne de Frédéric II.

Les cardinaux et les monsignori les avaient devancés. Le service d’honneur était fait par les gendarmes pontificaux et par la garde palatine, braves soldats bourgeois dont Guillaume II, beau connaisseur, a pu sourire, mais dont la fidélité n’est pas sans mérite, après vingt-trois ans écoulés. Sous la marquise, s’étaient rangés les titulaires de quelques-unes des vénérables charges pontificales, le grand-maître du saint-hospice, le secrétaire de la congrégation du cérémonial ; deux pas plus loin, sur le palier où, rayé de rouge, de noir et de jaune, tourne, comme automatiquement, un garde-suisse, la hallebarde à l’épaule, d’autres se sont joints au groupe des souverains et de leurs suites : le majordome, Mgr della Volpe, classique figure de prélat, profil allongé, qui fait invinciblement songer à son nom, della Volpe, le renard ; avec lui, l’aumônier, le sacriste, le marquis Sacchetti, fourrier-major, le marquis Serlupi, grand-écuyer, le prince Massimo, grand-maître des postes pontificales, seize camériers ecclésiastiques et laïques. Et sur le dernier palier, avant la salle Clémentine, seize autres camériers et le maître de chambre, l’introducteur des rois, Mgr Cagiano de Azevedo. Le saint-père était venu jusqu’à l’antichambre secrète ; il a tendu la main aux souverains, disant à l’empereur : Je suis heureux de voir votre majesté, puis à l’impératrice : Et votre majesté. — C’est tout ce qu’on sait sûrement de l’entretien du pape et de l’empereur.

On sait que trois fauteuils égaux avaient été placés sous un baldaquin, dans la salle jaune, que Léon XIII s’est assis dans le fauteuil du milieu, que l’empereur était à sa droite et l’impératrice à sa gauche, que l’impératrice est sortie au bout de cinq minutes, et que personne n’est entré, comme en 1888. À tout événement, un garde-noble, le sabre nu, défendait la porte. Ce qui s’est dit derrière cette porte, personne ne le sait et ne le saura probablement jamais. Toutes les hypothèses étant permises, risquons la nôtre.

L’empereur a commencé par faire part au pape de ses essais