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le village de Rougemont. Aujourd’hui ils tiennent leur assemblée, une fois par an, à Besançon, dans la maison des Grands Carmes : l’intendant doit s’y trouver. Le bâtonnier y donne un ample déjeuner ; l’on va ensuite à la messe ; le lendemain ils en font célébrer une à l’honneur des trépassés, ensuite ils s’en retournent dans leurs campagnes, les uns montés sur leurs rossinantes, les autres à pied ; M. de Beaumont verra le comique de ces assemblées. » En 1792, la plupart des chevaliers, au nombre de 81, quittèrent la France pour se joindre à l’armée du prince de Condé ; l’un d’eux, messire de Ponthier, comte de Saône et de la Neuvelle, était octogénaire et estropié d’un bras.

Plusieurs grandes créations honorent l’administration des ducs de Bourgogne, achèvent de battre en brèche la féodalité, de constituer la bourgeoisie affranchie : le parlement fixé à Dole par Eudes IV, investi de grandes attributions par Philippe le Hardi ; — les États, assemblées où les députés des bonnes villes concourent au vote, à la répartition de l’impôt ; — l’Université de Dole, instituée en 1423 par Philippe le Bon, alors que des guerres continuelles, enlevant toute sécurité aux chemins, empêchaient la jeunesse des deux Bourgognes d’aller chercher l’instruction à Paris, Orléans, Bologne, Avignon, Pavie, Montpellier et Toulouse. « Tous ceux, dit un des considérans, qui avoient enfans et parens habiles et souffisans pour estre ordonnez et disposez à l’estude, ne les osoient envoier estudier au dehors pour doubte des ennemis, et préféroient les appliquer ou faire vaquer en autres exercices comme en fait de marchandises. On pouvoit prévoir que dans brief temps n’auroit aucun juriste ne clerc souffisant au pays de Bourgoigne, au grand dommaige et lésion du bien publique d’icelui. » Dotée de cinq facultés, droit canon, droit civil, théologie, médecine, arts, avec des professeurs tels que Gattinara, Cornélius Agrippa, Stratius, Dumoulin, les Chifflet, fournissant bientôt à l’Europe entière des docteurs, des magistrats, des administrateurs, des hommes d’église éminens, l’université de Dole[1] conquit aux XVe et XVIe siècles une grande réputation. L’empressement des princes à s’entourer de savans légistes contribua largement à cette vogue : non que la recherche du droit pur, du droit idéal, les préoccupât beaucoup, mais

  1. Henri Beaune et Jules d’Arbaumont, les Universités de Franche-Comté, in-8o ; Besançon, 1870. — Jules Gauthier, l’Université de Dole au comté de Bourgogne. (Annales franc-comtoises. — Léonce Pingaud, l’Enseignement supérieure Besançon. L’Instruction publique à Besançon en 1789. — J. Sauzay, les Fondateurs de l’instruction populaire en Franche-Comté. (Semaine religieuse, 24 juin et 1er juillet 1876.) — Le recteur dans l’ancienne université de Franche-Comté, par M. Maurice Lambert, Académie de Besançon, 1891. — Émile Longin, la Nation flamande à l’université de Dole, dans le Messager des sciences historiques, 1892.