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LE MOUVEMENT FINANCIER DE LA QUINZAINE

Les places financières se trouvaient, au milieu du mois, sous l’influence d’incidens politiques assez sérieux, les troubles populaires en Belgique, dont on n’osait affirmer qu’ils ne dégénéreraient pas en révolution, et le coup de tête du jeune roi serbe. Ce second facteur agissait principalement sur les fonds autrichiens, turcs et russes, le premier sur la rente française. Il y a eu à Vienne une journée de véritable panique ; à Berlin et à Paris, la tendance a été seulement un peu lourde ; à Londres, l’optimisme est resté prédominant. Le mois se termine sur un raffermissement des dispositions, assez marqué à Vienne, peu sensible encore à Paris.

Ces causes de faiblesse ont disparu, celles du moins qui avaient un caractère politique et passager. L’adoption de la proposition Nyssens par les chambres belges a calmé une agitation dont la gravité ne se pouvait plus dissimuler. D’autre part, aucune complication internationale n’est sortie de l’acte d’énergie d’Alexandre Obrénovitch.

D’autres sujets de préoccupation ont surgi en ce qui nous concerne. Les boursiers se sont entretenus du conflit entre les deux chambres, de l’éventualité, improbable, d’ailleurs, d’un cinquième douzième provisoire venant s’ajouter aux quatre déjà votés, du très malencontreux impôt sur les opérations de Bourse, des perspectives fort peu rassurantes ouvertes sur le budget de 1894, d’un déficit annoncé de 150 à 200 millions de francs, de la conversion du 4 1/2, jadis considérée comme devant servir à d’importans dégrèvemens et jugée aujourd’hui nécessaire à l’équilibre du budget.

La rente française, dont les cours reflètent la résultante des impressions tour à tour causées sur la spéculation par tant de mobiles divers, s’est relevée d’abord de 95.80 à 96.50, puis a rétrogradé à 96.05, et se tient maintenant à 96.30. L’amortissable a suivi les oscillations du fonds principal. Le 4 1/2 a monté avec régularité, d’une allure à la fois lente et assurée. De 106.87 il est passé à 107.12. De grands établissemens de crédit s’étaient pourvus de 4 1/2 l’année dernière en prévision de la conversion, et la conviction se répand de plus en plus que l’état du budget ne permettra pas d’ajourner l’opération.

Le voyage de l’empereur et de l’impératrice d’Allemagne à Rome, et la pompe des fêtes célébrées en leur honneur, à l’occasion des noces d’argent du couple royal d’Italie, n’ont valu à la rente de ce pays qu’une hausse de 25 centimes, en partie déjà reperdue. Le 4.34 pour 100 du royaume a été porté de 92.85 à 93.10 et ramené à 92.92.