Page:Revue des Deux Mondes - 1893 - tome 117.djvu/162

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

au moment même où la situation générale des finances de l’État est moins favorable. Mon sentiment s’appuie d’abord sur ce fait que, même sous le régime des tarifs actuels, le trafic s’est accru d’une manière très notable et est encore en croissance continue ; en second lieu, j’ai pu constater par expérience que la question de savoir dans quel sens et dans quelles conditions principales la réforme doit intervenir n’est pas encore suffisamment élucidée.

« D’ailleurs, l’administration des chemins de fer de l’État a fait, comme vous le savez, un essai à l’égard du trafic de banlieue : je veux parler du tarif appliqué à la banlieue de Berlin. Certes, nous n’avons pas satisfait de la sorte à tous les desiderata, ce qui, d’ailleurs, dans les questions de chemins de fer, n’est pas possible ; mais je crois pouvoir dire, sans présomption, qu’en somme ce tarif simple et clair a été reconnu comme un grand bienfait.

« Plus encore que pour le trafic des voyageurs, je regrette que la situation financière ne nous permette pas, du moins pour le moment, de faire de grandes réformes pour le trafic des marchandises. On vient d’ailleurs de mettre en vigueur le tarif différentiel pour les grains, ce qui constitue en quelque sorte un premier essai de remaniement des tarifs.

« Quoiqu’il résulte, tant des explications du ministre des finances que des indications concordantes que je viens de donner, qu’une période de statu quo s’ouvre pour l’administration des chemins de fer de l’État, cependant ne croyez pas que, pour ne pouvoir se lancer dans de vastes réformes, cette administration va rester inactive. Au contraire, nous considérons ce délai comme bienvenu pour pouvoir soumettre les différens projets qui sont en question à un examen et à une étude plus approfondis, et marcher ensuite franchement de l’avant dans des temps plus favorables, qu’il faut espérer voir arriver bientôt. »

Cette déclaration, qui ne renferme même plus de promesses fermes, mais seulement quelques espérances lointaines comme fiche de consolation, renvoie purement et simplement la fameuse réforme aux calendes grecques. On pense si ce discours a été bien accueilli ; le débat qu’il a soulevé a été des plus vifs et s’est prolongé pendant plusieurs séances ; nous croyons intéressant de citer quelques fragmens des principales répliques auxquelles il a donné lieu.

Dans la séance du 21 janvier, M. le député Rickert disait :

« On ne doit pas, messieurs, promettre quelque chose si on ne peut pas le tenir ; ce que je blâme, c’est que lors du rachat on a fait miroiter au premier plan le bien public, qu’on a dit : l’État est seul à pouvoir entreprendre de grandes réformes de tarifs, à