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et que la garde nationale sera installée chez tous les peuples. Ç’a été la plaisanterie capitale de la séance et qui a excité cette explosion de gaîté de sacristie particulière aux gens d’Église, dont on voyait çà et là les robes noires dans cet auditoire fort mélangé.

Je m’en suis allé peut-être un peu scandaleusement après cette première partie, dont je ne donne qu’un pâle résumé. J’y ai été encouragé par l’exemple de quelques personnes qui se sont trouvées, ainsi que moi, suffisamment édifiées sur le Beau.

De là, j’ai été à pied trouver Rivet, par un temps magnifique et avec une grande jouissance de remuer les jambes en liberté, après ma captivité de tout à l’heure.


Vendredi 6 mai.

J’étais invité par le ministre d’État à assister ce soir à une représentation du Conservatoire donnée par des élèves.

Dîné chez Mme de Forget avec le jeune X.., et promené le soir : j’ai renoncé à la partie. J’avais passé ma journée à faire mes paquets pour aller à Champrosay ; j’ai tait des provisions énormes de couleurs et de toile, et malheureusement cet article maudit que je me suis engagé à faire me fera renoncer à toute peinture pendant mon séjour.


Samedi 7 mai.

Parti hier à huit heures et demie pour Champrosay. Enfermé dans le compartiment avec M. X.., que j’ai cru reconnaître d’abord, et auquel je n’ai pas parlé, m’étant ensuite convaincu que ce n’était pas lui. Ensuite, à Juvisy, il m’a adressé la parole, et nous avons regretté de n’avoir pas plus tôt renouvelé connaissance. Je ne l’ai vu que deux fois, et très peu de temps, encore était-ce le soir.

Broklé est venu avec nous poser les glaces et nous a rendu toutes sortes de services. Je suis heureux du plaisir qu’a eu ce brave homme à jouir de la bonne réception qu’on lui a faite.

J’ai été un instant dans la forêt et me suis couché de très bonne heure et fatigué.


Dimanche 8 mai.

L’homme est capable des choses les plus diverses…

La Bruyère dit : « C’est un excès de confiance dans les parens d’espérer tout de la bonne éducation de leurs enfans, et une grande erreur de n’en attendre rien et de la négliger… » Et plus bas : « Quand il serait vrai ce que plusieurs disent, que l’éducation ne donne pas à l’homme un autre cœur ni une autre complexion,