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pour commencer, trois discours, plus ou moins bien conservés, d’Hypéride, — dont l’oraison funèbre des morts de la guerre lamiaque et l’accusation contre Démosthène dans l’affaire d’Harpale, — auxquels vient de s’ajouter, à quarante ans d’intervalle, le discours contre Athénogène, très célèbre dans l’antiquité, qu’on peut voir à notre bibliothèque du Louvre. Depuis, le déchiffrement de parchemins et surtout de papyrus égyptiens nous a fait connaître de nouveaux fragmens d’Euripide. Les plus importans, qui appartiennent à la pièce d’Antiope, nous arrivent par une voie fort inattendue. Des momies, trouvées en grand nombre dans le Fayum, étaient protégées par une espèce de cartonnage formé de papyrus collés ensemble. La toile qu’on employait ordinairement pour cet usage, et dont les sépultures faisaient une grande consommation, avait manqué, et on l’avait remplacée par de vieux papyrus mis au rebut. C’est ce cartonnage, décollé avec les précautions qu’on se figure, qui a fourni à MM. Mahaffy et Sayce la matière de leurs intéressantes publications dans les Cunningham Memoirs de l’académie de Dublin. Mais la découverte qui a fait le plus de bruit, celle qui a ému récemment tout le monde savant, c’est celle du traité d’Aristote sur la Constitution des Athéniens. Avec une activité et un zèle auxquels on ne saurait trop rendre hommage, M. Kenyon en a donné au public une savante et bonne édition. Bientôt après, il publiait de nouveaux résultats de son exploration des papyrus du British-Museum. Le principal consiste dans le déchiffrement de sept pièces à peu près complètes du poète ïambique Hérondas, qui n’était connu que par quelques courts fragmens. Cette découverte, sans égaler en valeur celle des pages d’Aristote, est fort intéressante, et l’on s’en est tout de suite beaucoup occupé. M. Kenyon s’était borné à donner une transcription avec des restitutions discrètes. Il avait séparé les mots, qui sont confondus dans les manuscrits, mais n’avait pas ponctué ; il n’avait donc abordé qu’en partie le travail d’interprétation auquel tout éditeur doit se livrer. En même temps, paraissait une reconstruction du texte par M. Rutherford, accompagnée d’utiles annotations. Tout en sachant beaucoup de gré au savant anglais de son empressement à mettre le public en état de lire Hérondas, on a trouvé généralement que ses restitutions de texte et sa répartition des vers dans les dialogues prêtaient souvent à la critique. Une édition préparée plus à loisir vient d’être publiée par M. Bucheler. La constitution intelligente du texte, une bonne traduction latine, des notes nombreuses et des index donnent aux hellénistes à peu près tout ce qu’ils peuvent désirer dans l’état de conservation du papyrus. En France, cette apparition d’un poète et d’une poésie à peu près