carrée ; il a deux étages, l’un à voûte d’arête, l’autre à toit horizontal, et cette disposition indique déjà finement le caractère mi-religieux et mi-profane du vestibule. Le pourtour, en bas, est formé de forts piliers surmontés d’arcades ; des pilastres ioniens, appliqués à ces piliers, les dépassent en s’élançant droit jusqu’à l’architrave qui surplombe les arcades et ajoutent ainsi à l’impression de solidité du rez-de-chaussée. La galerie au-dessus, avec ses piliers composites en ressaut et sa corniche en bois, prend l’aspect d’un balcon couvert, et les sveltes colonnettes corinthiennes placées dans les intervalles des supports font l’illusion de meneaux dans des fenêtres géminées. On a déjà ici comme le pressentiment de la cour de Saint-Damase.
Une inscription monumentale qui couvre toute l’architrave du portique de la Pace nous informe que le cardinal Oliviero Carafa a élevé le couvent en 1504 et en a fait don aux chanoines du Latran. Ce cardinal Carafa, dont le nom se trouve si curieusement mêlé à la statue et aux origines du Pasquino[1], est une des figures attachantes du sacré-collège à la fin du XVe siècle. Grand seigneur de la puissante famille napolitaine des Maddaloni, il fut à la fois juriste, théologien et amateur des antiquités ; homme d’église, homme d’état et homme de guerre, amiral même au besoin. Il commanda, revêtu de sa pourpre, la flotte papale en 1472, et fit la guerre à Mahomet II, le conquérant de Constantinople. On ne saurait précisément dire qu’il s’y couvrit de gloire ; il eut cependant son entrée triomphale dans la ville éternelle, à la tête de vingt-cinq prisonniers turcs montés sur des chameaux ; spectacle tout nouveau qui charma beaucoup les Romains. Bien plus sérieux étaient les titres de l’entreprenant prélat comme mécène. Il érigea la chapelle Carafa à Santa-Maria-sopra-Minerva et la fit orner par Filippino Lippi de fresques, en l’honneur de saint Thomas d’Aquin son compatriote ; dans une de ces peintures, malheureusement très retouchées, le docteur angélique recommande le cardinal Oliviero à la sainte Vierge. Il eut aussi la bonne inspiration de protéger Bramante dans ses premiers débuts à Rome. C’est lui probablement qui
- ↑ La statue de Pasquino, maintenant au coin du palais Braschi, était jadis à la Piazza Navone près la demeure de Carafa, et la base, avec l’inscription Oliverii Carafa beneficio hic sum MDI, s’y trouve encore aujourd’hui. Le cardinal Oliviero a présidé aux premières fêtes de Pasquino, qui à l’origine (comme l’a démontré dernièrement M. D. Gnoli dans un très intéressant écrit) étaient des jeux innocens d’humanistes, poétiques et rhétoriques. On sait que la statue vient d’un groupe représentant Ajax avec le corps d’Achille, d’un magnifique travail grec horriblement mutilé. Michel-Ange mettait le Pasquino au premier rang de la statuaire antique connue ; Bernini le déclarait simplement le plus beau marbre de Rome.