Je trouve dans mes notes les lignes suivantes, datées de Fontainebleau, août 1868 :
« En entrant dans la cour des Fontaines, j’ai aperçu l’impératrice qui venait du jardin anglais. Un vieux monsieur marchait à côté d’elle en regardant les pavés. Mise soignée et même coquette : pantalon gris, gilet blanc, ample cravate bleu ciel, d’ancien style. Un gros nez à bout carré de forme curieuse ; le front haché de quatre profondes rides cruciales ; l’œil rond, froid, un peu dur, à l’ombre d’un sourcil épais et derrière le miroitement du pince-nez. L’allure générale, très raide. Probablement un diplomate anglais.
« L’impératrice m’appelle pour me présenter. — C’est Mérimée. »
Mérimée ! Je ne sais si le public d’aujourd’hui se rend compte de l’effet que ce nom devait produire sur un normalien de la promotion de 1861. À partir de ce moment, je fis tous mes efforts pour obtenir ses bonnes grâces, mais sans succès apparent. Se méfiait-il ? Pressentait-il un futur biographe ? Je ne le pense pas ; mais j’avais