jours au plus, porter des troupes fidèles sur le point où il aurait éclaté. Pendant l’été de 1891, un chef de bande, Catarina Garza, a tenu la campagne sur la frontière américaine ; mais il a constamment été obligé d’opérer dans le désert qui s’étend entre les voies ferrées du nord, ce qui l’a réduit à l’impuissance. Il n’a jamais pu approcher d’une ville parce que toujours il trouvait en lace de lui des forces très supérieures. Pour qu’un prominciamiento réussît aujourd’hui, il faudrait que le président ne se défendît pas ; or, Porfirio Diaz n’est pas de ce caractère. Mais il mourra un jour, et sa fin peut être hâtée par un assassinat ; après lui, tout sera remis en question et nous retomberons dans le chaos, disent les gens du pays. C’est tort possible, mais la crise sera de courte durée. Quinze ans de paix ont donné à la nouvelle génération l’horreur du désordre au milieu duquel les pères avaient fini par s’habituer à vivre, et ce sentiment général assurerait promptement le triomphe du chef militaire le plus énergique. Les chemins de fer rendent impossible la prolongation indéfinie de l’anarchie, et d’ailleurs les importans intérêts que les Américains ont au Mexique les engageraient à y mettre fin eux-mêmes au besoin.
Porfirio Diaz a compris que le Mexique ne pouvait se développer et même vivre qu’en entrant résolument dans la voie des progrès économiques, et que la prompte construction d’un réseau de chemins de fer en était la première condition. Après l’échec de l’intervention française, il ne pouvait s’adresser directement aux capitalistes européens : force était donc de se retourner du côté des États-Unis. Juarez et Lerdo de Tejada, quoiqu’ils dussent leur succès au gouvernement de Washington, dans leur patriotisme étroit et ombrageux, n’avaient pas voulu relier le Mexique aux États-Unis. Porfirio Diaz a passé outre, quelles que dussent en être, au moins momentanément, les conséquences politiques et économiques.
Les chemins de fer mexicains ont été construits en réalité avec des capitaux belges, allemands, hollandais, anglais, et c’est sur les marchés de ces pays que leurs actions ont été placées. Les États-Unis n’ont pas, en effet, encore assez de capitaux pour en exporter au dehors ; mais les compagnies ont été organisées à Boston et à Londres par des Américains qui, comme directeurs et comme entrepreneurs des travaux, en ont retiré les premiers et les plus larges profits.
Le grand accroissement du mouvement commercial s’est fait