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d’officiers considérable est nécessaire pour encadrer de pareilles troupes. Les soldats ne sortent jamais de leurs casernes, si ce n’est pour leur service et sous le commandement de leurs officiers. On craint trop qu’ils ne désertent. Comme compensation à cette réclusion, on laisse le soir leurs femmes ou leurs amies entrer dans la caserne, et on les en fait sortir le lendemain à la première heure.

C’est sur cette armée-là que Porfirio Diaz doit compter uniquement pour réprimer les conspirations, les mouvemens révolutionnaires toujours menaçans ; car, comme sous tout gouvernement et plus encore avec un gouvernement de cette sorte, les mécontens sont nombreux. Il suffirait d’un moment de faiblesse de sa part pour que les révolutions recommençassent. Un pareil instrument ne vaut que par la main qui le tient.

Telle qu’elle est, l’armée coûte cher au Mexique. Dans les comptes de l’exercice financier 1890-1891, sur un total de 190,975,000 francs de dépenses ordinaires, le ministère de la guerre figure pour 64 millions. Avec le chiffre élevé des intérêts à payer pour le service de la dette extérieure, environ 60 millions de francs, c’est la plaie du budget mexicain, la source d’un déficit constant et la menace de nouvelles complications.

Porfirio Diaz s’est trouvé aux prises avec une situation financière fort difficile et qu’il a d’abord améliorée sensiblement.

Comme tous les États de l’Amérique espagnole, le Mexique s’était grandement endetté dès le commencement de son indépendance. Son histoire financière est à chaque instant marquée par des capitalisations d’intérêts et des banqueroutes partielles. Les malheureux capitalistes français, qui avaient souscrit à l’emprunt de Maximilien en 1864, y ont perdu sans retour des centaines de millions. Quant aux créanciers anglais qui avaient prêté en diverses fois, à partir de 1823, un capital nominal de 22,341,000 livres sterling et qui depuis longtemps ne touchaient plus d’intérêts, leurs réclamations incessantes enlevaient tout crédit au Mexique. Le nouveau président réussit à faire avec eux un concordat, par lequel ce capital a été réduit à 13,991,775 livres sterling de nouveaux titres portant intérêt à 3 pour 100. L’intérêt est payé régulièrement par la Banque nationale du Mexique, qui a une délégation sur les produits de la douane de Vera-Cruz. Ce fonds est coté en ce moment à Mexico à 35 pour 100.

Encouragé par ce premier succès, le gouvernement mexicain a contracté en 1888 et en 1890 avec la maison Bleichrœder un emprunt de 16 millions et demi de livres sterling, en rente 6 pour 100, payables en or, à Londres. Une bonne partie de cet emprunt a