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REVUE DRAMATIQUE

Théâtre du Gymnase : les Amans légitimes, comédie en trois actes, de MM. Ambroise Janvier et Marcel Ballot. — Grand-Théâtre : Pêcheur d’Islande, drame en neuf tableaux, de MM. Pierre Loti et Tiercelin ; musique de M. Guy Ropartz. — Théâtre du Vaudeville : Flipote, comédie en trois actes, de M. Jules Lemaître.

Enfin ! on s’est diverti dans un théâtre où depuis,.. oh ! depuis très longtemps on avait l’habitude de s’ennuyer un peu, beaucoup, et même davantage : vous avez tous nommé le Gymnase. Non que le divertissement soit des plus relevés, ni des plus bouffons, la comédie de MM. Janvier et Ballot manquant également et de vérité et de folie ; mais celles qui l’avaient précédée manquaient de tant d’autres choses encore ! Ce n’est pas, d’ailleurs, une comédie : un vaudeville seulement, parce que c’est une suite et une combinaison d’incidens, et que les incidens comiques, au besoin grotesques, constituent le vaudeville, comme les incidens pathétiques, le mélodrame. Du moins ce vaudeville est-il plaisant, et les quiproquos auxquels il donne lieu, quiproquos non de personnes, mais de situations et de sentimens (signe d’un art déjà moins vulgaire), ne sont pas d’une méprisable gaîté.

Les Amans légitimes pourraient prendre pour sous-titre : Divorce blanc. Mariés depuis deux ans, le vicomte Paul de Puissec et la vicomtesse Huguette, née Beaudoin, s’aiment follement et vivent de même. Ils jettent l’argent par toutes les fenêtres de leur hôtel et dévorent régulièrement en trois mois un revenu annuel de soixante ou quatre-vingt mille francs. Quant au capital, la prévoyante Mme Beaudoin, qui l’a fourni, en assura