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là l’effet maximum, celui qui exige le plus grand effort, sans donner toujours le rendement le plus avantageux. On s’approche davantage de celui-ci, en faisant agir l’arc voltaïque non plus dans un mélange pulvérulent, mais dans un bain de matières minérales, préalablement amenées à l’état de fusion ignée. Les phénomènes qui se produisent alors, à la fois calorifiques et chimiques, sont complexes. Ce n’était pas un motif pour embarrasser cette jeune science, ardente à se porter en avant, qui s’empare d’abord des faits, sauf à laisser à l’avenir le soin de les expliquer.

Des usines importantes se sont établies pour obtenir par ce procédé, soit l’aluminium pur, soit ses alliages avec d’autres métaux, principalement le fer et le cuivre. C’est par des procédés de ce genre que la Pittsburg réduction C° transforme en aluminium à peu près chimiquement pur les bauxites et les corindons grossiers dont on a découvert des amas importans dans la partie septentrionale des États-Unis. L’usine de Neuhausen utilise une partie de la belle chute du Rhin, à Schaffhouse, à la mise en mouvement de puissantes turbines actionnant directement des dynamos, dont l’électricité est employée à la production de l’aluminium et de ses alliages. L’Angleterre, l’Allemagne, ont également vu se créer des centres importans de fabrication. Il en existe plusieurs en France ; l’usine de Froges, dans la Drôme, est particulièrement intéressante. À celle plus récente encore de Saint-Michel, sur la Valloirette, petit affluent de cette pittoresque rivière de l’Arc, qui traverse Saint-Jean-de-Maurienne, 3,500 litres d’eau tombant, à chaque seconde, d’une hauteur de 133 mètres, donnent une puissance de plus de 6,000 chevaux-vapeur, qui, transformés en énergie électrique, sont utilisés principalement à la production de l’aluminium et de ses alliages, par les procédés, très nouveaux encore, mais très scientifiquement étudiés, de l’électrolyse par fusion ignée.

Ces nouvelles méthodes, encore susceptibles de perfectionnemens, procurent dans le traitement des minerais une économie considérable sur les anciens procédés purement chimiques. Dans l’un et dans l’autre cas, c’est, en somme, la chaleur qu’on fait intervenir. Mais combien elle est mieux utilisée dans les creusets électriques que dans ces fourneaux d’autrefois, soumis à tant de causes de refroidissement ! 400 grammes de charbon au plus brûlés dans le foyer d’une machine à vapeur qui actionnerait une dynamo suffisent à la production de l’énergie électrique, qui, dans un électrolyte fondu, isole 1 kilogramme d’aluminium. Il en fallait plus de vingt fois autant dans l’ancien procédé chimique. Cette meilleure utilisation du calorique, jointe à une plus grande perfection dans l’aménagement et l’outillage des usines, a eu un résultat économique important. Le prix de l’aluminium n’a cessé de s’abaisser.