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plus coûteux. Depuis quelques années, l’électricité a donné un nouvel essor à cette fabrication. Maniée par des mains habiles et persévérantes, elle permet d’entrevoir, avec une plus grande facilité dans les moyens de production, la possibilité d’obtenir un métal à la fois plus pur, plus abondant et d’un prix de moins en moins élevé.

C’est au moment à peu près où Lavoisier allait mourir, que Volta révélait au monde la pile électrique. Vingt-cinq ans après, Ampère avec l’électro-aimant, et ensuite Faraday, avec la machine d’induction, apportaient à la science électrique les élémens des merveilleux progrès qu’elle a accomplis dans ce siècle. Les applications en vont chaque jour se développant, suivant pas à pas la théorie, la devançant quelquefois.

L’électricité est une force aujourd’hui domestiquée, si l’on peut s’exprimer ainsi : docile et soumise, elle se fractionne en quantités connues, se canalise et se distribue, comme on pourrait faire de tout fluide, eau, vapeur, gaz ou air. Chacun de ses effets se mesure au moyen d’unités auxquelles les électriciens, dans leur congrès de 1881, ont eu l’heureuse inspiration de donner, en témoignage de reconnaissance, les noms mêmes des illustres créateurs de leur science. Le nom d’un savant allemand, dont la paisible existence vouée à l’étude est sans histoire, comme celle des peuples heureux, le docteur Ohm, ce nom est celui par lequel on désigne l’unité qui mesure la résistance que le courant électrique rencontre dans son mouvement à travers les fils conducteurs. L’ampère mesure l’intensité de ce courant ; et l’instrument sur lequel s’enregistre cette intensité, sorte de boussole dont l’aiguille aimantée se dévie d’un angle d’autant plus grand que le courant qui la traverse est plus intense, ne s’appelle plus aujourd’hui galvanomètre. C’est un ampèremètre. À Aloïsio Galvani reste l’honneur de donner son nom à l’une des applications les plus importantes de l’électricité. Aussi bien, dans cette découverte d’immense conséquence qu’il dut plus au hasard qu’à sa propre pénétration, le médecin bolonais n’avait-il pas deviné le courant électrique qui en était l’essentiel. Volta, au contraire, sut comprendre les causes des contractions musculaires de cette grenouille, désormais vouée à l’histoire, que Galvani suspendait par un fil de cuivre au treillage de zinc de sa fenêtre. L’unité de force électromotrice s’appellera désormais le volt. À leur tour, Joule, Coulomb, Faraday, donneront leurs noms aux unités qui mesurent l’effet calorifique des courans, la quantité d’électricité par eux débitée, la capacité des condensateurs, sortes de réservoirs dans lesquels s’emmagasine et s’accumule l’électricité d’un courant, comme dans un bassin l’eau d’une source.

Davy avait pu, au moyen du courant électrique, décomposer les