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ROME ET LA RENAISSANCE

ESSAIS ET ESQUISSES

CINQUECENTO [1]


I. — HISTOIRE D’UNE TOMBE (1505-1506).

Je connais peu de lectures aussi décevantes que les Légations de Machiavel qui ont rapport au pape Jules II. Envoyé par son gouvernement auprès du conclave de 1503, et témoin de l’élection et des premiers actes du nouveau pontife, le secrétaire d’État florentin, dans ses dépêches, se montre surtout préoccupé de son cher César Borgia. Il l’a connu, l’année précédente, en Romagne, au faîte de sa prospérité factice et de ses crimes abominables, et a conçu pour lui l’étrange enthousiasme que l’on sait ; il le retrouve maintenant prisonnier du Vatican, déchu de toute puissance, profondément humilié et méprisable, et il le méprise en

  1. J’ai eu, ces dernières années, le bonheur de passer plusieurs hivers à Rome, et d’y oublier parfois le présent dans l’étude du quattro et du cinquecento. Des notes prises à cette occasion, — et auxquelles on voudra bien me pardonner de conserver le tour personnel et intime du premier jet, — je détache ici les pages qui traitent de l’époque de Jules II.