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LA
FEMME AUX ÉTATS-UNIS


I

Après avoir, dans nos précédentes études[1], noté les facteurs divers qui devaient contribuer à former la femme américaine moderne, nous nous sommes attaché à montrer comment, par essence et par tradition, par nature et par éducation, elle était l’antithèse absolue de la femme d’Orient, de celle dont l’Hitopadésa disait : « Une femme doit être sous la garde de son père pendant son enfance, sous la garde de son mari pendant sa jeunesse, sous celle de ses fils pendant sa vieillesse, et jamais indépendante. » Aux États-Unis, elle n’est sous la garde de personne, mais sous la protection de tous.

Nous avons dit dans quelles contrées, dans quelles catégories sociales, à la suite de quelles crises politiques et religieuses s’étaient recrutés les colons du Nouveau-Monde. Reconstituant, à l’aide des documens historiques, ce milieu colonial tel qu’il était au début, nous y avons montré l’homme absorbé par le travail quotidien extérieur, la femme par sa tâche intérieure, et l’égalité des sexes résultant de l’égalité des charges et des responsabilités, puis, à

  1. Voyez la Revue du 15 mars, du 15 mai et du 1er septembre 1889.