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LE
PÈRE JOSEPH OHRWALDER
ET
SES ANNÉES DE CAPTIVITÉ DANS LE SOUDAN

Le père Joseph Ohrwalder, prêtre appartenant aux missions autrichiennes de Mgr Sogaro, vicaire apostolique du Soudan, était parti du Caire, le 28 décembre 1880, pour se rendre à son poste, c’est-à-dire à la station de Delen, sur la frontière méridionale du Kordofan. Plein de zèle et d’espérance, il était loin de se douter de la triste destinée qui l’attendait. L’insurrection mahdiste commençait à se répandre de proche en proche, et le 15 septembre 1882, le père Ohrwalder tombait aux mains du mahdi. Il fut successivement le prisonnier de ce mystérieux personnage, qui souriait toujours, et de son successeur le khalife Abdullah, qui ne sourit que dans ses heures perdues. Enfin, le 29 novembre 1891, après dix années de dure captivité, il réussissait à s’évader. Il avait raconté en allemand sa lugubre histoire, et cette histoire manuscrite a été traduite en anglais et publiée par le major Wingate, chef du service des renseignemens au ministère de la guerre en Égypte[1]. Tel qu’il est, ce livre est fort curieux ; il le serait davantage encore si le père Ohrwalder avait été son propre traducteur. Le principal mérite de ce genre d’ouvrage est la candeur des impressions et

  1. Ten Years’ Captivity in the Mahdi’s Camp, 1882-1892, from the original manuscripts of father J. Ohrwalder, by Major Wingate. Londres, 1892.