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conjointement avec les caisses publiques, pendant la durée de la convention, les pièces de 5 francs de l’Union latine dans des conditions identiques à celles où elle reçoit les pièces d’argent françaises ; la liquidation des pièces étrangères qui se trouveraient dans ses caisses à l’expiration de la convention devant s’effectuer pour le compte de l’État français. C’était une importante concession que le gouvernement français faisait à ses associés : elle leur ôtait la préoccupation de voir leur circulation intérieure surchargée par la surabondance des écus d’argent dont le trop-plein allait graduellement sortir de la circulation générale pour s’entreposer dans les caves de la Banque de France jusqu’au jour de la liquidation définitive, si celle-ci devait jamais avoir lieu.

L’Union latine se trouvait donc reconstituée, mais réduite de cinq membres à quatre par suite de la retraite de la Belgique. Cette retraite avait causé une vive émotion dans les départemens français, limitrophes de la Belgique, qui avaient entrevu aussitôt une perturbation dans leurs rapports commerciaux avec leurs voisins ; mais l’impression fut bien plus forte encore en Belgique, où les affaires étaient loin d’être prospères. On en put juger à la séance du 11 août, dans laquelle les chambres belges furent officiellement avisées que la Belgique était sortie de l’Union latine. Le gouvernement belge eut soin d’ajouter que tout espoir d’une entente n’était pas abandonné, et il s’empressa de prêter l’oreille aux propositions conciliantes qui ne tardèrent pas à lui arriver de Paris. Les négociations se poursuivirent en même temps que la rédaction de l’arrangement explicatif de la convention, et la Belgique demanda à user de la faculté qui lui avait été ménagée d’entrer dans l’Union reconstituée. Par un acte additionnel, en date du 12 décembre, elle adhéra à la convention du 6 novembre 1885 et à l’arrangement qui y était annexé. Elle acceptait de rembourser la moitié en excès de ses écus de cinq francs, d’après le mode adopté par les autres États, mais adouci par des concessions importantes quant aux délais de paiement : pour le rapatriement de l’autre moitié, on acceptait le mode proposé au début par les délégués belges, c’est-à-dire la voie naturelle du commerce et des échanges. Le gouvernement belge garantissait que l’excédent à prévoir ne dépasserait pas 200 millions, et se rendait responsable du surplus, ce qui limitait à un maximum de 100 millions la masse d’écus belges qui demeurerait en suspens entre la France et la Belgique, après la compensation opérée.

L’Union latine se trouva donc reconstituée sur ses anciennes bases, à la grande satisfaction des contractans. Les concessions faites à la Belgique par les autres États attestaient le prix que