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repris que lorsqu’un accord unanime se serait établi, à cet égard, entre tous les États contractans, on pouvait prédire à ce provisoire une longue durée. La nouvelle convention ne devant entrer en vigueur que le 1er janvier 1880, et la convention précédente, qui avait encore une année à courir, ne contenant aucune clause suspensive du monnayage de l’argent ; les contractans, par une clause additionnelle, s’interdirent de frapper aucune pièce d’argent de 5 francs, pendant l’année 1879. Exception était faite pour l’Italie, qui était autorisée à fabriquer pour 20 millions de ces pièces. L’Italie, à ce moment, aspirait à sortir du régime du papier-monnaie et du cours forcé ; elle avait fait part de ses intentions à ses associés et réclamé leur concours. Elle déclarait vouloir commencer par retirer les coupures inférieures à 5 francs, et pour n’avoir point à frapper d’urgence et, à nouveaux frais, les pièces divisionnaires à délivrer au public en échange de ces coupures, elle avait demandé aux membres de l’Union latine de retirer de leur circulation et de lui restituer, contre paiement, les monnaies divisionnaires italiennes circulant sur leur territoire. Sur les 156 millions de monnaies divisionnaires frappées à l’effigie de Victor-Emmanuel, le gouvernement italien estimait que 100 millions avaient émigré d’Italie : 87 millions en France et 13 millions en Belgique, en Suisse et en Grèce. L’article 8 de la convention consacra le principe de l’assistance à donner à l’Italie pour lui faire récupérer ses monnaies divisionnaires ; et un arrangement annexe détermina le mode et les conditions de cette assistance. La France devait servir d’intermédiaire et recevoir des puissances les monnaies qu’elles avaient à remettre à l’Italie. Celle-ci ne s’étant pas trouvée en mesure de commencer ses opérations aussi promptement qu’elle l’avait espéré, un acte additionnel, en date du 20 juin 1879, prorogea les délais qui lui étaient impartis pour prendre livraison de ses monnaies et en rembourser le montant. La France, avec une infatigable complaisance, accepta de devenir dépositaire de toutes ces monnaies et de les garder à la disposition de l’Italie moyennant un très faible intérêt jusqu’à ce que cette puissance les lui redemandât. La Banque de France fut chargée de recueillir et de conserver ces pièces italiennes. Il s’en trouva une quantité moindre que celle que le cabinet italien avait annoncée : au lieu de 100 millions, la Banque de France n’eut à remettre à l’Italie, en 1881, que pour 79,090,121 fr. 30 de monnaies divisionnaires, et cette somme lui fut remboursée par les contractans de l’emprunt de 650 millions négocié par M. Magliari en vue de la suppression du cours forcé.

Si l’accord s’était établi aisément entre les puissances en 1878,