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toucher à celles de 1 franc et de 2 francs. On rencontrait donc déjà dans la circulation trois pièces de 1 franc et trois pièces de 2 francs, de la même valeur nominale, mais de trois titres différens, 800 millièmes pour la Suisse, 835 millièmes pour l’Italie, 900 millièmes pour la France. La Belgique, seule, demeurait complètement fidèle au système monétaire napoléonien, et c’était pour son gouvernement un sujet de préoccupation. Dès 1861, M. Nothomb avait demandé avec insistance qu’on adoptât le même régime que la Suisse, mais on lui répondait qu’en raison de la position géographique de la Belgique et de l’étendue de ses relations avec la France, c’était l’uniformité avec cette puissance qu’il importait surtout de maintenir. La Belgique fit donc, en vue d’une action commune, des ouvertures au gouvernement français, qu’elle trouva animé des idées les plus larges et les plus libérales. Ce n’est que justice de rendre ici hommage à un homme éminent, qui avait fait des questions monétaires l’étude la plus approfondie et qui exerça une influence décisive sur la marche et l’issue des négociations. M. de Parieu, qui avait combattu avec succès la démonétisation de l’or, dans lequel il voyait, au contraire, l’étalon unique de l’avenir, s’autorisait de l’introduction du système décimal dans les monnaies d’un grand nombre d’États pour réclamer un nouveau progrès. Il se déclarait hautement partisan d’une monnaie uniforme pour toutes les nations, et dans de nombreux écrits il ne cessait de faire ressortir l’action favorable que cette uniformité exercerait sur le développement des relations internationales. Ces idées, qu’on a trop perdues de vue depuis cette époque, gagnaient du terrain et, sous l’influence de l’opinion publique, les gouvernemens occidentaux consentirent à étudier la possibilité d’assurer au moins une uniformité partielle par un accord international. Les ouvertures de la France ayant été favorablement accueillies par ses voisins immédiats, une conférence fut convoquée et se réunit à Paris, le 20 novembre 1865. La France, la Belgique, la Suisse et l’Italie y prirent part : postérieurement la Grèce demanda et fut admise à accéder aux résolutions adoptées. M. de Parieu et M. Pelouze, président de la commission des monnaies, représentaient notre gouvernement.

Six séances suffirent pour transformer en une convention définitive l’accord préalable qui s’était établi entre les gouvernemens. Cette convention ne comprenait que quinze articles très simples, dont le premier indiquait clairement l’objet que s’étaient proposé les contractans : « La Belgique, la France, l’Italie et la Suisse, disait cet article, sont constituées à l’état d’union pour ce qui regarde le poids, le titre, le module et le cours de leurs espèces monnayées d’or et d’argent. Il n’est rien innové, quant à présent, dans la