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NOTES SUR LE BAS-VIVARAIS

II.[1]
LES HABITANS.

Giraud-Soulavie, avant qu’il devînt le compilateur et le libelliste abondant qui joua un rôle assez plat durant la période révolutionnaire, avait écrit une Histoire naturelle de son pays natal ; on y trouve, au milieu de beaucoup de fatras, des faits et des vues. Celle-ci entre autres : « Une longue étude de l’histoire ancienne et moderne du Vivarais m’avait appris que le génie du peuple d’un canton variait de celui du peuple voisin d’une manière singulière. Ayant étudié spécialement les territoires volcanisés et ceux qui ne le sont point, je remarquai que le caractère des habitans changeait comme les terrains. La combinaison du physique et du moral me confirma dans cette croyance. L’histoire m’a appris surtout que les habitans des régions volcanisées furent les premiers rebelles dès l’époque de nos guerres civiles ; que la rébellion s’y soutint plus longtemps, et que ces régions ont le plus coûté de travaux aux officiers du roi préposés pour civiliser ces contrées, pour dompter la fierté et l’indépendance vivaroises, pour asservir à la société le naturel du montagnard fougueux et revêche[2]. »

Comme tous les faiseurs de systèmes, Soulavie est conduit par

  1. Voyez la Revue du 15 septembre.
  2. Histoire naturelle, t. II, ch. XIV. — M. Mazon vient de publier une Histoire de Soulavie, 2 vol., chez Fischbacher, où il donne des détails curieux et des documens inédits sur le personnage, qu’il juge avec l’indulgence d’un compatriote.