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LE


DOCTEUR FRIEDRICH NIETZSCHE


ET SES


GRIEFS CONTRE LA SOCIÉTÉ MODERNE






Les détracteurs de la société moderne sont pour la plupart ou des réactionnaires ou des utopistes. Les premiers regrettent plus ou moins sincèrement l’ancien régime, le vieux monde, ces âges heureux, à jamais disparus, où les grands comme les petits se faisaient un honneur de croire et d’obéir ; ils pensent que la révolution a été une entreprise manquée, que les institutions fondées sur les principes de 1789 n’ont procuré aux hommes ni la vraie liberté ni le vrai bonheur, que, séduits par des chimères, les peuples ont fait fausse route et que la sagesse leur conseille de rebrousser chemin. Les autres, au contraire, se plaignent que, jusqu’aujourd’hui, on ait à peine commencé d’appliquer les principes de la révolution française ; ils déclarent que le moment est venu de remédier à toutes les misères sociales en établissant sur la terre l’absolue égalité et la parfaite fraternité, et ils regardent notre société comme un abri provisoire, comme une construction en planches, que le premier vent d’orage emportera et qui fera place à la grande maison de pierre, où tout le monde sera libre et content.

Personne ne veut plus de mal à la société moderne qu’un penseur allemand, le docteur Friedrich Nietzsche, ex-disciple de Schopenhauer