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dans le cours de cette instruction que des doctrines avouées par l’art et des pratiques qui puissent être profitables à celui qui, par devoir, est astreint à s’y conformer ; comme aussi qu’elles soient de nature à être propagées et puissent en même temps se concilier avec les règlemens militaires. Que si cependant on persistait à diriger cette instruction d’après les mêmes élémens contradictoires, ce serait se préparer les mêmes regrets, car indubitablement ils auraient les mêmes résultats. « Il est fâcheux qu’après d’aussi sages paroles, l’auteur donne à entendre que les seules vraies doctrines sont celles auxquelles il est lui-même de plus en plus attaché. Il présente ses principes « comme émanant directement des lois mécaniques, et par cela même comme portant en eux un caractère irréfragable. » Il repousse énergiquement l’équitation anglaise et regrette de lui voir prendre pied à l’école. Cependant, lui-même ne s’en rapproche-t-il pas quand, dans ses longues dissertations sur la position du cavalier, il indique, comme Bohan, que les principes de La Guérinière, « bons pour une équitation de cour, où la belle tenue et la grâce étaient de rigueur, comme type de la perfection, » ne s’appliquent pas au cavalier militaire ; qu’il faut tenir compte des différences de conformation et laisser chaque cavalier trouver de lui-même la position qu’il peut prendre le plus commodément ? Il me semble, au contraire, que c’est l’affaire des conseils de révision d’écarter de la cavalerie les hommes qui ne peuvent avoir à cheval une tenue correcte et que, aussi bien pour le bel aspect que pour la solidité des troupes, le cavalier militaire doit se rapprocher le plus possible de la position jugée par les hommes de l’art la plus propre à assurer les mouvemens à toutes les allures, et qui est toujours aussi la moins fatigante. Cette position, d’ailleurs, étant partout imposée, l’instruction se trouve fort simplifiée dans les régimens, tandis qu’avec le système de M. de Chabannes, le rôle de l’instructeur devient fort difficile et l’on ne peut avoir que de mauvais cavaliers : tout le monde sait, en effet, que le commençant a toujours tendance à prendre à cheval des attitudes défectueuses dont il faut soigneusement le corriger dès le début, parce qu’ensuite il devient presque impossible d’y rien changer. Si M. Ducroc de Chabannes jugeait qu’il y avait lieu de modifier la position de La Guérinière, déjà bien différente de celle de Newcastle et de Pluvinel, il fallait qu’un comité d’écuyers s’entendît sur les changemens nécessaires et les prescrivît ; mais il est vraiment étrange que M. de Chabannes, après avoir réclamé avec tant d’énergie l’unification des principes, ait pensé qu’on pouvait s’abstenir de se prononcer d’une manière nette et formelle sur un point que tous les maîtres ont considéré comme