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l’École imposa les principes de Montfaucon. M. de Chabannes présenta contre ce Manuel des observations qui ne furent pas acceptées. Il dut quitter l’École et se retira près de Saumur au château de Bagneux où il recevait les visites de ses anciens élèves qui venaient souvent le consulter.

Le désaccord entre les deux premiers maîtres de Saumur fut une chose très regrettable dont les mauvais effets ne firent que s’accentuer dans la suite. À une époque où l’enseignement était déjà si troublé, il eût fallu, en organisant l’École de cavalerie, placer à sa tête un comité d’écuyers, ou tout au moins charger les deux maîtres qui représentaient précisément les deux équitations rivales de s’entendre pour produire une nouvelle méthode établie sur les meilleurs principes. Sans doute, ils auraient été assez intelligens, étant tous deux des écuyers d’élite, pour reconnaître que l’équitation académique et l’équitation militaire ne peuvent être en opposition l’une avec l’autre, mais que celle-ci doit au contraire découler tout naturellement de celle-là.

M. Cordier resta seul écuyer en chef à Saumur jusqu’en 1822, époque à laquelle l’École fut licenciée à la suite de la conspiration du général Berton. De 1815 à 1822, les principes de Montfaucon, déjà un peu arriérés, furent seuls enseignés officiellement ; mais ils rencontrèrent une forte opposition chez plusieurs officiers-instructeurs qui préféraient ceux de Bohan. Le capitaine Véron ne craignit pas de se poser en adversaire de l’École de La Guérinière et de Montfaucon, et il fut le premier qui professa alors ouvertement, à Saumur, les théories de Bohan et de Mottin de La Balme. D’autres capitaines ne tardèrent pas à l’imiter.

Vers la même époque, Versailles fut rendu à son ancienne destination. Les deux d’Abzac reprirent la direction du manège du roi. Dépositaires des vieilles traditions, ils voulurent imposer à leurs élèves une sorte d’uniforme qui ne plut pas à ceux-ci et les assujettir à des règles qu’ils trouvèrent trop sévères. Les pages, appartenant aux grandes familles de France, ayant presque tous une brillante situation de fortune, entraînés par le goût des modes anglaises, considéraient l’exercice du cheval comme une simple distraction et ne suivaient les cours que très irrégulièrement. Toutefois, les d’Abzac, qui, ainsi que nous l’avons vu, surent, dans leurs leçons, appliquer, en les modifiant, les principes de la vieille École, laissèrent la réputation de deux grands maîtres, de deux écuyers de premier ordre.

De tous côtés des théories personnelles surgissaient, critiquant, souvent avec raison, les méthodes en vigueur. M. d’Outrepont, capitaine de cavalerie à la demi-solde, publia, en 1824, ses