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LE PROBLÈME
DE
L’AUDITION COLORÉE


I

On s’est beaucoup occupé de l’audition colorée dans ces derniers temps ; la question a été traitée à plusieurs reprises dans les journaux quotidiens et dans les revues de littérature et de science ; elle a fait l’objet de thèses médicales, de mémoires et de traités didactiques ; elle a figuré dans la poésie, dans le roman, et même, fait plus extraordinaire, au théâtre ; elle a donné lieu à plusieurs enquêtes, dont la dernière se termine en ce moment à Genève ; les physiologistes s’en sont préoccupés, et ils ont fait quelques expériences de laboratoire.

Malgré tant de recherches, la question reste mal connue et surtout mal comprise ; il semble qu’on l’a surtout étudiée par le dehors ; on a noté avec un soin scrupuleux les détails de couleur et de son qui se rencontrent le plus souvent dans l’audition colorée, on n’a pas dit ce que c’est que cette audition colorée, on n’a pas rendu le phénomène intelligible pour ceux qui ne le connaissent que d’une manière indirecte, par le témoignage d’autrui. Nous n’espérons pas que nous serons beaucoup plus heureux que nos devanciers ; seulement nous porterons notre attention sur les lacunes de leurs études, et nous chercherons principalement à décrire, dans l’audition colorée, un état mental.