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représentées. Ainsi les trois établissemens ont fourni jusqu’à présent peu d’architectes, peu d’employés des arsenaux, fonderies ou poudreries de l’État et des ingénieurs électriciens en fort petit nombre.

Bien rares sont les pensionnaires d’Aix, Angers ou Châlons ayant embrassé la carrière militaire, même dans les armes spéciales : le général Dard, de l’artillerie de marine, trois officiers supérieurs, dont deux de l’arme du génie et un de l’infanterie, et dix-sept officiers subalternes ne constituent, somme toute, que d’honorables exceptions. Quelques-uns des anciens diplômés, en très petit nombre, se sont lancés dans des carrières bien différentes de celles en vue desquelles ils avaient autrefois limé, dessiné ou résolu des équations ; en sus de 4 députés ou sénateurs, on peut citer des noms de banquiers, d’agens d’assurances, de notaires, de pharmaciens et même de dentistes.

La liste par résidence de nos 3,782 sociétaires présente aussi quelque intérêt à être consultée. Bornons-nous d’abord aux départemens faisant partie de l’école d’Aix, quoique, à vrai dire, les distinctions d’origine s’effacent bien vite. Les régions les plus mal partagées se trouvent naturellement celles qui sont à la fois pauvres et dépourvues d’industrie ; des élèves que l’école d’Aix emprunte à la Lozère, à la Corse, à l’Ariège, au Cantal, au Lot, à la Haute-Loire, bien peu reviennent au pays pour s’y placer. Il en est de même de départemens plus riches comme l’Ain, les Savoies, le Gers, l’Aude, Tarn-et-Garonne, Vaucluse, la Drôme, les Pyrénées-Orientales, mais trop exclusivement agricoles pour qu’un diplômé des Arts et Métiers ait grande chance d’y trouver une occupation bien payée. Eu égard à leur très maigre chiffre de population, les Hautes et Basses-Alpes font encore assez bonne figure et surpassent relativement l’Ardèche et l’Aveyron, circonscriptions qui contribuent cependant au recrutement des pensionnaires beaucoup plus que le bassin de la Durance. Au contraire, les anciens élèves des Arts et Métiers résident surtout dans les Bouches-du-Rhône (87 sociétaires), le Var (83), Saône-et-Loire (59) et surtout dans le Rhône et la Loire (108 et 111 sociétaires). Naturellement, la distribution au sein de chaque département pris à part est très inégale et se concentre dans certaines villes comme Marseille, Toulon et ses alentours, Lyon, Oullins, Givors, le Creusot, Saint-Étienne, Rive-de-Gier, Saint-Chamond, pour des raisons qui se comprennent facilement. En un mot, la puissance industrielle d’une région donnée se mesure au nombre des anciens élèves qui y résident à demeure.

Enfin, un nombre énorme d’élèves des trois écoles, une fois munis de leurs diplômes, va chercher une position à Paris, abandonnant pour toujours la province. Le quart environ des