Page:Revue des Deux Mondes - 1892 - tome 113.djvu/572

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

des notions de calcul infinitésimal. La notation de Leibniz, plus abstraite, mais plus générale que la notation de Lagrange, est seule employée, à l’exclusion de celle-ci, et on applique en mécanique[1] les méthodes d’intégration les plus ordinaires. Il en résulte qu’un bon élève de troisième année des Arts et Métiers possède une éducation mathématique bien plus superficielle, mais à certains égards plus avancée qu’un élève de spéciales d’il y a quinze ans. Au témoignage des professeurs eux-mêmes, les jeunes gens s’assimilent très bien ces bribes de connaissances supérieures qui exigent peut-être moins d’efforts d’esprit que maintes propositions d’élémentaires ; suivant d’autres, cependant, ces notions trop élevées offriraient l’inconvénient d’entraîner l’esprit des élèves bien loin des régions du terre-à-terre et de la pratique. Nous exposons les deux opinions sans trancher le débat.

La première année d’études comporte 5 leçons d’arithmétique, 25 d’algèbre et 30 de géométrie, consacrées à revoir rapidement et à compléter à fond le programme d’entrée. Il y a en plus 7 leçons de cosmographie et arpentage, 37 de géométrie descriptive, 20 de trigonométrie. D’autre part, 38 cours de français et 36 leçons d’histoire et géographie corrigent un peu l’abstraction et la sécheresse d’un pareil ensemble de connaissances.

En seconde année, la géométrie descriptive, si importante au point de vue de ses applications, marche en tête avec 40 leçons ; 15 leçons de notions complémentaires de mathématiques préparent les élèves à recevoir avec fruit l’enseignement de la « cinématique » ou étude des mouvemens qui embrasse 35 leçons. On commence à donner en même temps aux élèves des leçons de physique (au nombre de 40) et les premières notions de chimie (8 leçons). Ajoutez à ces divers cours 34 classes de français et 33 d’histoire et géographie et vous avouerez que la seconde année, avec ses 210 leçons, est largement occupée.

Si la troisième année comporte des matières moins variées, son programme n’en est pas moins chargé avec 105 leçons de

  1. L’enseignement rationnel de la mécanique présente de graves difficultés. En particulier, les auteurs les plus célèbres n’ont jamais pu s’accorder pour décider s’il valait mieux faire commencer l’étude de cette science par la « statique » qui s’occupe des forces, abstraction faite des mouvemens qu’elles déterminent, ou par la « cinématique » qui analyse les déplacemens en laissant de côté les forces qui les provoquent. Naguère on procédait aux Arts et Métiers suivant le premier ordre d’idées, et les élèves de première année débutaient par la statique. Aujourd’hui les « pierrots » de seconde année abordent seuls la cinématique professée par un maître spécial avec force développemens ; et la statique est jointe au cours de a dynamique et machines, » enseigné en troisième année et qui est de beaucoup la branche la plus importante, la plus difficile et la plus longue de la mécanique.