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l’ingénieur, en vertu du règlement du 4 avril 1885, est chargé d’assurer dans chaque école le fonctionnement de l’enseignement théorique et pratique, l’observation du programme des cours et l’exécution des travaux. De 1843, date de la fondation de l’établissement d’Aix, jusqu’en 1856, le poste de directeur a été occupé par un seul et même titulaire, ancien ingénieur des constructions navales. Un ex-élève de Châlons, d’abord chef d’atelier, puis ingénieur à l’école d’Aix, lui a succédé et a occupé la première place de 1856 à 1871. Son remplaçant, mort en fonctions quatre ans plus tard, avait passé par la même filière. Puis la direction fut confiée à un commandant du génie, sorti jadis de Châlons et arrivé par les rangs au grade d’officier supérieur. Enfin, le titulaire actuel, ingénieur civil des mines, a professé durant quelques années les sciences physiques à l’école d’Aix, avant d’en prendre le commandement. Notons à titre de renseignement qu’à la tête de l’institution de Châlons est placé un ancien élève monté sur place et que le directeur d’Angers est diplômé de l’École centrale.

Par cette simple énumération, on devine l’existence d’une sorte de tâtonnement inévitable en pareil cas. Est-il avantageux ou non que le directeur, que l’ingénieur qui le seconde, ou les professeurs des cours de sciences, soient choisis parmi les anciens élèves des écoles ? On pourrait invoquer divers argumens topiques en faveur du recrutement intérieur : connaissance des traditions, esprit de corps, émulation mieux entretenue, etc. Ces raisons, il faut bien le dire, peuvent être combattues par d’autres plus sérieuses encore grâce auxquelles l’administration a décidé de n’accorder nulle place qu’au concours, sauf celle de directeur. On a pensé qu’avec des choix moins limités, comprenant au besoin d’anciens élèves des Mines, des Écoles polytechnique et centrale, il serait possible de battre en brèche la routine, en lui opposant l’influence de tendances novatrices. L’esprit des leçons s’en trouve relevé ; tout comme l’impulsion générale donnée aux études aussi bien qu’à la discipline. Quant aux professeurs de dessin, aux chefs ou sous-chefs d’ateliers, quoique choisis, eux aussi, après concours, ils se recrutent en fait presque exclusivement parmi les dessinateurs d’élite ou les travailleurs adroits et intelligens que fournissent les trois institutions. Il va sans dire que nous exposons les deux argumens contraires, sans vouloir, d’aucune façon, prendre parti dans un sens ou l’autre[1].

  1. N’oublions pas l’inspecteur-général nommé par le ministre et qui, dans sa tournée annuelle, contrôle tous les services et s’assure du travail et de la bonne conduite des élèves.