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trop récente pour être jugée à fond ; mais ses inconvéniens se manifestent déjà. Il est clair qu’assez sensibles à Aix et à Châlons, localités du même ordre, ils se découvrent nettement dans la grande ville d’Angers et s’accroîtront plus encore à Lille, lorsque l’institution de cette ville fonctionnera comme les trois anciennes écoles.

Ajoutons que, pour les externes, le port de l’uniforme est facultatif. Les internes, bien entendu, sont rigoureusement astreints à ne pas le quitter. Le lecteur ne doit pas s’attendre à nous voir décrire leur veste, leur capote, ni la tunique à un rang de boutons qu’ils portent en sortie ou dans les promenades. Le pantalon est noir à bande écarlate et l’ensemble, sinon les détails, rappelle un peu la tenue des troupes du génie. Nous nous rappelons avoir vu autrefois les élèves coiffés d’un shako assez lourd qu’a remplacé depuis longtemps un képi assorti à l’uniforme et portant, suivant les cas, les numéros 1, 2 ou 3.

La durée des cours étant de trois ans, ces chiffres désignent, non, bien entendu, l’ordre de l’année qu’accomplit l’élève, mais le numéro de sa division. La troisième division se compose des écoliers les plus nouveaux, récemment promus ou « conscrits. » La deuxième division est formée par les « pierrots » ou élèves de seconde année ; la première enfin, par les « anciens » qui accomplissent leur troisième et dernier cycle.

Une mesure récente vient de supprimer, dit-on, les gradés de l’École polytechnique ; peut-être quelque jour les abolira-t-on dans les écoles d’Arts et Métiers, mais, pour le moment, chaque division comporte un sergent-major, un fourrier, quatre sergens et autant de caporaux, en tout dix élèves galonnés qui portent, comme dans l’armée, les insignes de leur dignité. Au reste, comme ceux de l’École polytechnique et à la différence de ceux de Saint-Cyr, ils ne jouissent que d’une autorité purement morale, et leurs fonctions se bornent, pendant les promenades et lorsque l’école défile, musique en tête, dans les rues d’Aix, à faire exécuter à leurs sections placées a à distance entière, » les mouvemens nécessaires. Si modestes qu’elles soient, ces mêmes fonctions sont purement temporaires et sont attribuées aux dix jeunes gens notés les premiers, soit dans le concours d’entrée, soit dans les classemens ultérieurs. Dans l’intérieur même de l’école, des adjudans, anciens sous-officiers, dirigent tous les mouvemens qui s’exécutent au son du tambour, d’après les prescriptions de la « théorie. »

Ceci nous amène à indiquer la composition de l’état-major d’une école d’Arts et Métiers. Chacune d’elles est gouvernée par un directeur dont l’autorité est souveraine ; au-dessous de lui,