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dessinateurs ou mécaniciens de la flotte[1]. L’empressement à s’engager dans les carrières auxquelles prépare l’enseignement des Arts et Métiers est assez faible dans les départemens formés aux dépens de l’Auvergne et du Bas-Languedoc. Il en était de même dans le bassin de la Garonne jusqu’à présent, et il est bizarre qu’à la suite du concours de 1891 les Toulousains et les Agenais soient arrivés en nombre considérable, probablement à cause de la crise agricole qui sévit dans leurs régions et détourne les jeunes gens vers l’industrie. Certains départemens montagneux et pauvres n’ont jamais cessé de fournir de bons sujets ; les Ardéchois et les Aveyronnais figurent avec honneur sur la liste d’admission ; le major de la promotion d’entrée en 1890 appartenait au Rouergue.

Cent admissions équivalent en somme au rejet des sept huitièmes des postulans. C’est dire qu’il y a beaucoup d’appelés pour peu d’élus, et, à cause des strictes exigences de la limite d’âge, nombreux sont les aspirans qui, après un ou deux échecs, doivent chercher ailleurs leur voie. Et cependant des raisons très sérieuses militent en faveur d’une grande sévérité à l’examen d’entrée, ainsi qu’au rejet impitoyable des médiocrités. Quelques économistes, peut-être tout aussi compétens que leurs adversaires qui pensent ainsi, mais animés à coup sûr d’excellentes intentions, ont souhaité qu’on vînt en aide aux candidats malheureux, et grâce à leur influence, une fiche de consolation, l’externat, vient de leur être offerte. D’après un règlement récent, en sus des cent internes choisis après concours, chaque promotion peut s’augmenter de vingt-cinq externes, recrutés parmi les admissibles qui ont satisfait aux épreuves écrites, mais n’ont pas été au nombre des admis. On s’adresse d’abord, bien entendu, aux premiers ; mais s’ils se refusent à accepter la combinaison qui leur est offerte, dans aucun-cas on ne peut descendre au-delà du candidat classé avec le numéro 200, c’est-à-dire qu’on refuse le bénéfice de l’externat aux admissibles par trop médiocres.

Pour comprendre les réels inconvéniens de cette mesure trop bienveillante, il suffit de réfléchir aux sérieux avantages que

  1. La population d’Aix, en particulier, n’alimente pas beaucoup leis Arts, comme on dit dans le peuple. Une vieille tradition instinctive, très excusable dans une cité parlementaire qui n’a jamais eu beaucoup d’industrie, détourne les jeunes gens intelligens des classes moyenne et inférieure des carrières où le travail manuel s’impose-et les pousse à rechercher les situations de notaires, huissiers, avoués, avocats, etc. Néanmoins, il existe dans la ville bon nombre d’écoles préparatoires fréquentées par des aspirans venus de divers points de la circonscription et qui fournissent une fraction notable des élèves de l’école.