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UNE
ÉCOLE D’ARTS ET MÉTIERS

On ne peut pas dire que l’enseignement technique en France soit d’origine très ancienne. Cependant les premières tentatives dirigées en vue de perfectionner les connaissances pratiques des futurs ouvriers d’élite ou contremaîtres remontent à l’ancien régime. Les villes de Troyes et de Douai créent, au début du règne de Louis XVI, de véritables écoles des Beaux-Arts où sont enseignés le dessin et l’architecture. Mais chez nos aïeux du XVIIIe siècle, la notion du beau et du joli dominait l’instinct de l’utile, et ce ne fut qu’un peu plus tard, — en 1788, — que le duc de La Rochefoucauld-Liancourt, colonel de cavalerie, fonda à ses frais, sur une de ses terres du Clermontois, une sorte de ferme modèle ou d’école d’agriculture à l’usage des enfans de ses sous-officiers.

Cet établissement, transféré à Compiègne en 1799 sous le nom trop pompeux de « prytanée français, » fut réorganisé par le premier consul, qui indiqua nettement le but que devait poursuivre l’institution. Il s’agissait de former des jeunes gens exercés aux travaux manuels, mais en même temps capables de calculer les élémens mécaniques d’une machine et d’en dessiner exactement toutes les parties, ce qui revenait à dresser tout au moins de bons contremaîtres dont les meilleurs fussent aptes à jouer, au besoin, le rôle d’ingénieur, avec l’espoir pour eux de s’élever jusqu’à ce grade, par leurs efforts ultérieurs. Aujourd’hui encore, au bout de près d’un siècle, l’esprit de l’institution n’a pas varié, et les