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bassin de la Seine. Leur débit relativement régulier présentait même cette heureuse circonstance de ne pas être encore à son minimum dans les mois de juillet et d’août où la consommation parisienne, prévoyait-on, devait être la plus grande. Elles étaient d’ailleurs pures, fraîches, d’une température à peu près constante de 11 degrés, limpides et agréables au goût autant qu’à la vue. Leur adduction à Paris fut donc décidée. Mais, tout bien examiné, l’altitude de leur point d’émergence, combinée avec la nécessité de la pente qu’il fallait à l’aqueduc pour mener les eaux à Paris avec le seul concours de la gravité, ne permettait pas de mettre le point d’arrivée plus haut que la cote 80.

Les quartiers élevés, que nous citions tout à l’heure, ne pouvaient donc pas être desservis par la Vanne. D’ailleurs, ce que celle-ci pouvait fournir, même augmenté de ce que l’on projetait de recueillir en route, comme les eaux de ochepies, près de Moret, par exemple, n’était pas encore suffisant. On se décida à chercher ailleurs d’autres sources d’une altitude qui permit, sans intervention de machine, de desservir convenablement les quartiers les plus hauts. Il fallait pour cela que le point d’arrivée ne fût pas au-dessous de la cote 108.

Cette condition de plus limitait singulièrement le champ des recherches ; d’autant qu’on ne voulait pas, à cause de la grande distance, aller jusqu’au pied de la formation oolithique de la Bourgogne, et que, les yeux obstinément tournés vers l’est, Belgrand n’aperçut point ce que ses successeurs ont trouvé depuis en Normandie.

La Dhuis se trouva, qui pouvait arriver à Paris à la cote voulue ; ce n’était cependant pas encore le succès complet. Certains points élevés de Montmartre et de Belleville restaient, qui ne pouvaient être desservis que par un réservoir plus élevé encore. Mais ce n’était là qu’une très petite portion, en somme, de l’agglomération parisienne. On décida de dériver la Dhuis, et de refouler à l’aide d’une machine une petite partie de ses eaux dans un réservoir supplémentaire assez haut pour assurer la distribution sur les points culminans des coteaux de la rive droite. Comme on le sait, la dérivation de la Dhuis fut exécutée la première, et le 2 août 1865, ses premiers flots pénétraient dans ce magnifique réservoir de Ménilmontant, dont la belle construction, par étages superposés et indépendans l’un de l’autre, excita à juste titre l’admiration.

La dérivation de la Dhuis a coûté 18 millions — à peu près. — Je dis à peu près ; car tous les comptes périrent dans l’incendie de l’Hôtel de Ville, et ce n’est qu’approximativement qu’ils ont été reconstitués depuis. — La longueur de l’aqueduc est d’un peu plus de 131 kilomètres, — et sa section est suffisante pour débiter