Page:Revue des Deux Mondes - 1892 - tome 113.djvu/231

Cette page a été validée par deux contributeurs.


CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




31 août.


À voir dans son ensemble, dans les diversités et les familiarités de sa vie réelle, par ces jours d’été, ce bon pays de France, on ne dirait certes pas qu’il soit porté à s’émouvoir pour les vaines querelles ou les programmes de turbulences révolutionnaires.

Il se plaît au calme bienfaisant et réparateur de la saison. La température torride elle-même aide aux trêves de la politique. La dispersion universelle des vacances, les voyages, les villégiatures pour les heureux du monde, les récoltes de toute sorte pour la masse rurale qui recueille ou attend les fruits de la terre, détournent des stériles agitations. M. le président de la république cherche la tranquillité sous les vieux ombrages de Fontainebleau avant de reprendre ces jours prochains le cours de ses pérégrinations officielles, et d’aller au pied des Alpes illustrer de sa présence le centenaire de la réunion de la Savoie, ou dans le Limousin passer la revue des corps d’armée en manœuvres sous la direction de M. le général de Cools. Les ministres se promènent, ne font que toucher barre à Paris ; ils ont de la peine à se retrouver pour tenir conseil en courant. Tout est à la paix dans les grandes affaires, — à ce repos encore animé assurément, mais régulier, que laisse l’interrègne parlementaire, — et on oublierait presque qu’il y a des chambres s’il ne se trouvait quelque député préparant et annonçant déjà ses interpellations pour la session prochaine. Oui vraiment, cette brave France ne demanderait pas mieux que de vivre encore pour quelques semaines de sa bonne vie naturelle, sans trouble et sans bruit, si jusque dans le calme de la saison il n’y avait toujours de ces incidens que suscitent à plaisir les meneurs de campagnes tapageuses : polémiques assourdissantes sur l’évolution des partis, grèves décousues et violences qui vont jusqu’à la sédition, turbulences des municipalités socialistes se démenant dans leur anarchie. La vérité est que tous ces