Les Turkmènes entrèrent dans Koungrad vingt jours après la mort de Kowetle-Mourad et reconnurent Mohamed-Fan comme khan.
Pour forcer les Kirghizes qui s’étaient éloignés à reconnaître Mohamed-Fan, Koungradiens et Turkmènes organisèrent d’un commun accord une incursion contre eux. Ils trouvèrent quelques aouls kirghizes et emmenèrent en captivité hommes et femmes et firent un riche butin du troupeau. Mais Azberguen tomba sur les pillards qui se retiraient, et, après un combat où périrent, dit-on, 60 cavaliers, rentra en possession des captifs et des troupeaux. Une nouvelle incursion, qui eut lieu en novembre de la même année, échoua aussi misérablement. Et l’on ne songea plus à soumettre les Kirghizes. D’ailleurs, d’autres soucis préoccupaient Mohamed-Fan. Ata-Mourad-Khan n’avait pas tardé à suivre ses Turkmènes et s’était installé dans Koungrad : des rixes ne tardèrent point à s’élever entre les Turkmènes et les habitans. Ceux-ci se plaignaient des licences que se permettaient les Turkmènes, rapt de femmes, vol, etc. Le joug turkmène commençait à sembler pesant et le peuple s’indignait de ne point trouver dans Mohamed-Fan un défenseur de l’ordre et de la tranquillité. Koulmann-Bii, qui se fît auprès du nouveau beg l’écho du mécontentement, ne fut pas écouté. Le mécontentement devint général.
En ce temps, Ata-Mourad-Khan se rendit à Khiva, ne laissant auprès de Koungrad qu’une cinquantaine de Turkmènes, et Koulmann-Bii reçut une lettre du khan khivien lui promettant le pardon du meurtre de Kowetle-Mourad s’il tuait Mohamed-Fan. Instruit de la trahison que méditait Koulmann-Bii, Mohamed-Fan résolut de la prévenir en le tuant lui-même. Un matin, il se dirigea, accompagné de dix cavaliers, vers la demeure de Koulmann-Bii ; mais ce dernier, prévenu du péril qui le menaçait, s’enfuit de sa demeure, ameuta la multitude et, chef désormais accepté par le peuple, il se dirigea vers le palais du beg, envoyant une escouade pour maintenir les Turkmènes, qui furent garrottés.
La multitude se porta vers la demeure de Mohamed-Fan et massacra son neveu et quelques serviteurs qu’elle trouva à la porte. Mohamed-Fan s’avança bravement contre les meurtriers, à la tête desquels était Koulmann-Bii, mais il fut massacré, et le peuple but le sang coulant de ses blessures, de sorte qu’aucune goutte ne toucha le sol. Quelques-uns de ses parens furent tués.
Koulmann-Bii envoya à Khiva la tête de Mohamed-Fan avec une lettre où il assurait le khan de son dévoûment et demandait ses ordres.
Le khan envoya le kalmouk Met-Mourad-Bii avec 100 hommes