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associés. Le nitrate de soude et le sulfate d’ammoniaque appliqués en quantité limitée, ainsi que les sels de potasse, sont des adjuvans qu’on aurait tort de négliger.

Il faut surtout développer le système foliacé chargé d’élaborer la matière sucrée qui s’accumule ensuite dans le raisin et se transforme en alcool par la fermentation du moût. Or les feuilles ont besoin non-seulement de quantités notables de phosphate, mais encore d’azote et de potasse. Quand il s’agit de vignes françaises, même de celles qui sont atteintes par le phylloxéra, on peut dans bien des cas maintenir la végétation et la production à l’aide de fumures énergiques. S’agit-il de vignes américaines employées comme porte-greffes ou comme producteurs directs, on sait que les élémens fertilisans doivent leur être donnés abondamment pour que leur vigueur se maintienne.

Dans ces derniers temps, on a préconisé l’emploi de formules d’engrais dont l’azote était exclu. La vigne n’étant point susceptible de prendre l’azote dans l’atmosphère et en ayant besoin pour le développement de ses organes essentiels, nous ne saurions donner notre approbation à ces formules, et nous conseillons d’appliquer toujours à cette culture des engrais azotés, en même temps que les phosphates et la potasse.

Les proportions à employer varient beaucoup suivant la nature du sol, l’état du vignoble, le climat ; on ne peut donc pas donner une formule générale. Mais on peut admettre que des proportions de superphosphate de 200 à 400 kilogrammes par hectare, avec 150 à 300 kilogrammes de nitrate de soude et 100 à 200 kilogrammes de chlorure de potassium ou de sulfate de potasse, sont les limites entre lesquelles on doit se mouvoir, suivant les circonstances. Ici encore le sulfate d’ammoniaque peut remplacer le nitrate de soude ; souvent on s’adresse avec avantage à des engrais organiques, tels que viande ou sang desséchés, tourteaux de graines oléagineuses, etc., dont l’action est moins rapide, mais plus durable.

On a beaucoup préconisé l’application à la vigne de fortes quantités de plâtre ; il est difficile d’expliquer l’effet que peut avoir cette matière, mais des résultats très remarquables au point de vue du rendement paraissent avoir été obtenus par son emploi à haute dose (2 à 4,000 kilog. à l’hectare), surtout quand on l’a associée à des engrais azotés. Les superphosphates contiennent d’ailleurs eux-mêmes de notables quantités de plâtre.

Il va sans dire qu’à côté de tous les engrais dont nous venons de parler, et qui sont ce qu’on appelle des engrais commerciaux, une large place doit être donnée au fumier de ferme, qui reste la