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LES PHOSPHATES DANS L’AGRICULTURE.

obtenir avec une richesse saccharine aussi grande que possible, tant à cause du mode de perception de l’impôt que des procédés de fabrication. En outre, un excès d’engrais azoté introduirait dans la betterave elle-même de fortes quantités de nitrate qui entrave la cristallisation du sucre.

Pour la production intensive des racines et des tubercules, et particulièrement de la pomme de terre, il y a souvent intérêt à ajouter à ces engrais des sels de potasse (chlorure ou sulfate) dans la proportion de 100 à 200 kilogrammes par hectare.

Le superphosphate, les sels de potasse et le nitrate, mélangés au moment de l’emploi, peuvent être mis en terre, au labour précédant la semaille, c’est-à-dire au printemps.

Sur les prairies naturelles et artificielles, les superphosphates mis en couverture à la dose de 200 à 400 kilogrammes par hectare donnent un résultat dont l’effet ne tarde pas à se faire sentir. Les légumineuses surtout, qu’on a un si grand intérêt à développer de préférence aux autres plantes fourragères, sont considérablement favorisées par l’application de cet engrais.

Il est tout à fait inutile de donner aux légumineuses des engrais azotés, puisque ces plantes absorbent l’azote aérien ; mais les sels de potasse, et principalement le sulfate, appliqués à dose assez élevée (200 à 300 kilog. à l’hectare), produisent généralement d’excellens effets. L’emploi du plâtre est également à recommander. Les prairies naturelles, qui sont constituées en majeure partie par des graminées non susceptibles de prendre l’azote aérien, profitent largement quand on leur applique, en outre, du nitrate de soude à la dose de 150 à 200 kilogrammes ; elles acquièrent alors une végétation beaucoup plus intense si une sécheresse trop grande ne vient pas entraver l’action de ces engrais. Toutefois l’emploi des engrais azotés sur les prairies naturelles ne doit pas être une pratique courante, car ces engrais d’un prix élevé ne sont pas toujours payés par le surcroît de foin produit ; d’un autre côté, les sols de prairies qui occupent les bas-fonds sont le plus souvent assez riches en azote, et peuvent alors se contenter d’une simple application de phosphate.

D’ailleurs, pour les prairies naturelles et artificielles, on obtient également de très beaux résultats avec les scories phosphatées, dont le prix est d’environ moitié moins élevé que celui des superphosphates. Quant à la vigne, à laquelle, dans ses nouvelles conditions d’existence, on est obligé de demander des rendemens plus élevés, elle se trouve bien de l’application des superphosphates. Mais il faudrait se garder de les employer seuls ; pour qu’ils puissent produire tout leur effet, les engrais azotés doivent y être