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passait dans la rue et cela, à la grande joie des gamins qui trouvaient là une cible à leur convenance. Ce mode de supplice est peu usité aujourd’hui.

L’armée khivienne se compose actuellement de 3,000 hommes armés et montés d’une façon plus ou moins régulière. Tout individu voulant être soldat doit être marié. Il va faire déclaration au beg de son district qu’il veut être soldat. Le beg lui donne une terre à cultiver, et le soldat doit prouver qu’il possède une femme, un cheval et un fusil.

Il doit résider sur sa terre et obéir aux réquisitions du beg. Une sorte de garde d’honneur peu nombreuse réside à Khiva auprès du khan.

La monnaie khivienne est une monnaie d’argent, de la valeur de 15 kop. (0 fr. 35 à 0 fr. 45), et nommé tengué ou tengua. La monnaie de cuivre se nomme poul ; il faut de 40 à 50 pouls pour un tengua. La monnaie d’or est inconnue ; il en existait jadis une espèce nommée tella. Le tella d’or ne se frappe plus, et on ne le trouve point dans le commerce. Toutefois, ce terme de tella est usité couramment dans les opérations commerciales, pour exprimer une valeur de 1 rouble 80.

La monnaie russe a cours dans le pays ; même elle fait prime de quelques kopeks.


V. — DÉPART DE KHIVA, OURGENDJ, CHEIKH-ABAS-ALI, LA STEPPE.

Mon plan de voyage, en quittant Khiva, était de visiter les principales villes du khanat : Ourgendj, Tchimbai et Koungrad, coupant ainsi dans toute sa largeur le delta de l’Amou, et traversant, en remontant de Koungrad à Khiva, les grandes oasis du Kharezm. Les circonstances ne devaient guère m’entraîner plus loin.

Ourgendj, si célèbre dans les récits des voyageurs, qui jadis était le centre du commerce khivien et dont le renom s’est conservé encore chez les Asiatiques, méritait une visite. Aujourd’hui encore, tous les Khiviens, résidant ou voyageant en Asie centrale, sont nommés des Ourgendji, c’est-à-dire des gens d’Ourgendj, comme si ce nom résumait en lui toutes les grandeurs et était pour ainsi dire le véritable centre du Kharezm. Lorsque les khans de Khiva manquaient d’argent, ils allaient à Ourgendj en demander aux marchands et ils en rapportaient les sommes dont ils avaient besoin.

À cheval donc ! 35 verstes à parcourir avant d’atteindre cette cité. Quel pays plat ! C’est une steppe irriguée. Des champs cultivés le long des fossés amenant l’eau du fleuve, et quant au reste,