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LA


QUESTION JAPONAISE


D'APRÈS UN VOYAGEUR ANGLAIS
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Il est des points sur lesquels s’accordent tous les Européens qui ont eu le bonheur de visiter le Japon. Ils s’entendent tous à déclarer que c’est un des plus beaux pays du monde, un vrai paradis, et ils gardent un doux souvenir de son climat, de ses campagnes si riches, si bien cultivées, de ses champs de thé, de ses vergers en gradins, encadrés par des volcans refroidis ou flambant encore, que couronnent des neiges éternelles. Ils vantent le bel aspect de sa capitale aux larges rues, qui compte plus d’un million d’habitans, logés pour la plupart dans ces jolies boîtes en bambou et en papier, aux cloisons mobiles qui permettent de multiplier les chambres à l’infini. Ils célèbrent les talens, le génie du Japonais, ses arts qui sont des industries, ses industries qui sont des arts, sa facilité étonnante à saisir le caractère des choses et la merveilleuse dextérité de sa main, qui rend en se jouant tout ce que l’œil a su voir. Il leur en coûte peu de rendre justice à ce peuple vif, intelligent, aimable, poli, à qui la vie semble légère. « Impossible de se fâcher avec ces gaillards-là ! disait à M. Chabrand un Provençal établi depuis trente-cinq ans à Kobé-Hiogo ; ils rient toujours. » On prétend que dans cette heureuse contrée, les chiens ont une scintillation de gaîté dans les yeux, et que lorsqu’un coolie fait un détour pour ne pas leur marcher sur la queue, ils l’en récompensent