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que la restauration des caissons, restauration nécessaire, fût entreprise. On y procéda sous sa direction et, le 20 mars, après que le revêtement endommagé par l’humidité eût été abattu, on vit aussitôt que la coupole repose sur une série de petits arcs encore ignorés et en même temps que ces arcs retombent rigoureusement au moyen de piliers sur l’axe des colonnes du rez-de-chaussée. De plus, ces arcs sont, non pas inclinés comme la voûte, mais dans une direction verticale. Que conclure de là ? C’est que ce système d’arceaux sert d’appui à la coupole et de lien entre celle-ci et le corps du monument. C’est enfin, à un point de vue plus général et non moins important, c’est qu’au Panthéon, la construction et la décoration font un tout indissoluble et que les colonnes ne sont pas un simple ornement, mais qu’elles soutiennent, en partie, l’édifice. On le comprend aisément : les arcs découverts par le jeune architecte supportent la partie voûtée ; ceux dessinés par Piranesi, et indiqués beaucoup plus haut, ne reposaient sur rien. Ils étaient suspendus et ils épousaient la forme de la coupole. Ils pouvaient aider à en maintenir la courbure, mais non pas en assurer la stabilité. Ils étaient inutiles à l’ensemble.

On vit aussi, quand les enduits eurent disparu, non-seulement que les caissons sont bâtis avec la voûte, mais que la voûte elle-même est construite en matériaux parfaitement réglés, en grandes briques et non pas en un blocage de matériaux légers, comme on tendait à le penser. De plus, on trouva au centre d’un des caissons mis à nu un crampon de bronze, indiquant qu’à cette place une rosace ou tout autre ornement de métal avait pu se trouver fixé.

Enfin, M. Chedanne, après qu’il y eut été autorisé par le ministre de l’instruction publique d’Italie, qui comprit tout d’abord l’importance des découvertes de notre pensionnaire, M. Chedanne tira d’un des arcs mis à jour quelques briques et il y trouva des marques concordantes qui rapportaient la construction de cette partie de l’édifice au règne d’Adrien.

Était-ce un détail et le fait d’une restauration datant du IIe siècle ? Il fallait s’en assurer. Les autorisations nécessaires furent libéralement accordées. La maçonnerie fat interrogée à différentes hauteurs et jusqu’à sa base ; et partout les briques se trouvèrent d’accord pour attester par écrit que c’était, non pas au temps d’Auguste, mais à l’époque d’Adrien qu’il fallait attribuer la construction de la rotonde du Panthéon.

Telles sont jusqu’ici les découvertes de M. Chedanne et on en voit les conséquences : unité organique de l’édifice dans lequel le système de la construction est intimement lié à la décoration ; arcs de la coupole servant de lien entre les parties hautes et