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de la rotonde, par rapport au portique ; désir de connaître le système de construction employé pour la coupole et ayant assuré sa durée.

C’est ici que se place l’heureuse intervention d’un pensionnaire de l’Académie de France, de M. Chedanne. Le règlement de l’Académie porte que dans la dernière année de son séjour en Italie, le pensionnaire architecte exécutera la restauration d’un édifice antique, travail comprenant un état actuel et un ‘état restauré de l’édifice. Un mémoire historique et justificatif sera joint à ces dessins. Je croirais amoindrir mon sujet en ne disant pas que l’idée de ce bel exercice est due à Colbert. En tout cas, l’artiste choisit librement le monument qu’il veut restituer ; M. Chedanne a porté sa préférence sur le Panthéon.

Maintenant, voici dans quel ordre il a procédé, et la méthode qu’il a suivie n’est pas le moindre intérêt qu’offre son travail ; elle en est, en partie, la moralité. Il a commencé par relever le plan du monument. Bien d’autres architectes l’avaient fait avant lui. Mais M. Chedanne le recommença, en y portant une attention extrême ; et ses mesures, prises avec un soin minutieux et soumises à maintes vérifications, lui donnèrent un premier et important résultat. Jusqu’ici, on avait distingué dans le Panthéon le gros œuvre et la décoration. On pensait que la construction avait d’abord été faite de manière à se suffire à elle-même et que, après cela, on avait appliqué sur le massif de maçonnerie une ordonnance architectonique indépendante et constituant un simple placage. C’était l’opinion de Viollet-le-Duc, et elle avait grand crédit. Dans ces conditions, les deux élémens n’eussent pas été dans une corrélation intime. Mais, le plan une fois dressé, M. Chedanne reconnut, par la direction d’axes encore inexactement déterminés avant lui, que la construction et le décor formaient, sur le sol, un tout parfaitement uni, s’ordonnaient suivant des lignes identiques. Il s’arrêta à cette constatation, qui était une première découverte, et il en conclut qu’une pareille unité, si elle existait dans le plan, devait se retrouver dans l’élévation et dans toutes les parties de l’édifice. Cette vue si logique était bien celle d’un véritable architecte. Elle est conforme aux plus saines théories de l’art ; elle devait bientôt se vérifier.

Depuis longtemps déjà, on remarquait, en quelques places, à la base de la coupole, des traces d’infiltration. Elles existaient à droite et à gauche de l’autel principal. Elles appelaient une réfection prochaine des enduits salpêtres. Mais comment l’opérer ? Il appartenait à l’administration d’y pourvoir. Appuyé par deux amis, qui sont l’un et l’autre membres du parlement italien et éminens architectes, M. le comte Sacconi et M. Beltrami, M. Chedanne obtint