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suffisante pour permettre d’attendre la séance prochaine. Nous ne nous dissimulons pas les difficultés que cette mesure rencontre ; mais nous montrerons tout à l’heure que ces difficultés ne sont pas insurmontables. Il n’y aurait là qu’une question d’argent, en face de laquelle se pose la question de santé. Si la question d’argent a jusqu’à présent primé l’autre, c’est que l’autre n’a pas été bien comprise. Beaucoup croient encore que l’exercice des muscles est l’agent le plus important de l’éducation physique. Ceux-là confondent deux élémens très distincts : la force musculaire et la santé. L’exercice pris dans un milieu malsain peut bien faire grossir les muscles, donner aux membres de l’adresse et de la souplesse ; mais il ne peut vivifier le sang comme l’exercice en plein air, car il n’introduit dans l’organisme qu’un oxygène impur. De là, les différences si souvent signalées entre ceux qui travaillent à l’air libre des champs et ceux qui se fatiguent dans l’air confiné des ateliers. Bien des professions dans les villes exigent un plus grand déploiement de force musculaire que celle de cultivateur, et l’ouvrier peut bien avoir les bras plus forts que le paysan, mais il n’aura jamais sa résistance aux maladies. Avec de l’exercice musculaire pris dans un air confiné, on pourrait, à la rigueur, faire des athlètes, mais non des hommes bien portans.

L’éducation intellectuelle a des exigences auxquelles on ne peut, évidemment, se soustraire ; il faut bien accepter par force, pour les classes et les études, les fâcheuses conditions du travail en commun dans des salles closes. En revanche, l’éducation physique peut et doit se donner à l’air libre. L’exercice pris dans un gymnase fermé, dans une salle d’escrime, voire même dans l’étroite cour d’un lycée n’est plus une compensation suffisante aux fâcheuses exigences de la vie scolaire. Il n’y a pour nos écoliers qu’une seule forme vraiment hygiénique de l’éducation physique, c’est l’éducation de plein air.


III

A tous les dangers qui menacent la santé de l’enfant dans notre système actuel d’éducation, le meilleur et même le seul remède qu’on puisse opposer, c’est la pratique régulière des exercices physiques. Mais ce remède ne peut être efficace qu’à une condition expresse, c’est que les exercices soient bien choisis et appliqués suivant une méthode rationnelle. Là, malheureusement, se rencontre une difficulté sérieuse. Beaucoup de bons esprits ne