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combattre les partisans d’une réforme dans l’éducation. La réforme projetée vise aussi et surtout ce que l’Académie de médecine a appelé la « sédentarité » excessive de l’écolier. Et à ceux qui nient la nécessité d’une réforme dans l’éducation sous prétexte qu’il n’y a pas excès de travail intellectuel, on peut opposer ce simple dilemme : ou bien l’écolier est réellement occupé pendant les douze heures que durent chaque jour les études et les classes, et dans ce cas nous sommes en droit d’affirmer que la somme de travail dépasse la résistance du cerveau ; ou bien vous reconnaissez qu’une notable partie de ce temps est perdue pour l’étude et passée à rêver, à « flâner » sur les livres, et vous devez dès lors en abréger la durée, car cette longue captivité, inutile pour les progrès scolaires de l’enfant, a les plus déplorables conséquences pour sa santé.


II

Les vices hygiéniques que crée pour l’enfant la sédentarité excessive de la vie scolaire peuvent se ramener à trois : 1° mauvaises attitudes du corps ; 2° privation de mouvement ; 3° privation d’air pur.

Les mauvaises attitudes du corps ou, si l’on veut, les vices de tenue, sont les conséquences inévitables de la durée excessive des études. Il est impossible à l’enfant de garder pendant trois heures consécutives sur son banc une tenue correcte. Fatigué d’être assis, il cherche d’instinct une position dans laquelle les muscles soient dispensés d’agir : le tronc s’affaisse alors sur les coudes, la colonne vertébrale se ploie et se contourne, les pièces osseuses qui la composent s’affaissent les unes sur les autres, leurs ligamens tiraillés se distendent, et finalement le corps des vertèbres inégalement comprimé se tasse et s’aplatit soit à droite, soit à gauche. De ces vices de tenue résultent des déviations diverses de la taille, des voussures du dos, des incurvations latérales. À ces déformations « scolaires » dont on a tant parlé depuis quelques années, aucune surveillance ne peut remédier d’une manière efficace, pour cette simple raison que les vices de tenue viennent, avant tout, de la fatigue insurmontable causée par le maintien trop prolongé du corps dans la même attitude. Quand les muscles qui maintiennent l’écolier dans une tenue droite et correcte sont arrivés au dernier degré de lassitude, il faut forcément qu’ils cessent d’agir, et les pièces osseuses qu’ils soutenaient s’affaissent et se contournent en dépit du mobilier scolaire le plus parfait. En Suède, où les