Voici, sur l’année terrible, et particulièrement sur la destinée fatale de l’armée de Metz, un témoignage considérable. J’ai personnellement connu le témoin. Lorsque j’avais l’honneur de garder les archives du dépôt de la guerre, le général Jarras a été mon chef, de 1867 à 1870 ; depuis, et jusqu’à sa mort, en 1890, j’ai conservé avec lui des relations dont la mémoire me reste précieuse. C’était un chef parfois difficile, rigoureux, exigeant, pour lui-même d’ailleurs comme pour autrui, mais parfaitement droit, franc, loyal, d’une sincérité absolue, sans dissimulation ni arrière-tours ; le témoin est irréprochable. Il a écrit ses Souvenirs en 1874, après le procès de Trianon, sur des notes prises durant la campagne et complétées dans les premiers jours de son internement, comme prisonnier de guerre, à Francfort. Le manuscrit, écrit de sa main, a été, selon sa volonté expresse, exactement reproduit par les soins de Mme Jarras ; la fidèle exécutrice de ce pieux devoir a droit à l’hommage que, sans crainte d’être démenti, je me permets de lui rendre au nom du public.
Le général Jarras a servi d’abord en Algérie, de 1834 à 1848. Premier aide-de-camp du général Cavaignac jusqu’au dix