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septembre 1831, lorsque la réaction menaçait le clergé, l’administration a compris ses devoirs : elle étendit sa protection sur les choses saintes, sur des hommes vénérables, et en même temps elle renouvela aux hommes ardens qui compromettaient les choses sacrées, l’avertissement de veiller sur eux-mêmes et de ne pas rendre impuissantes, par leurs fautes, ses bonnes intentions… Elle a voulu protéger ce qui méritait de l’être ; et pour assurer d’autant mieux le succès de sa sollicitude, elle prit soin de séparer plus décidément que jamais le temporel du spirituel. Elle demanda au clergé à qui elle voulait accorder toute la protection des lois, d’obéir à celles qui réglaient sa condition en France… »

« Aujourd’hui si l’État ne permet pas à l’Église d’envahir ses droits, il ne permet pas non plus d’usurper les libertés de l’Église. Elle est maîtresse de ses sacremens et de ses cérémonies jusqu’à la porte du sanctuaire… Au dehors, la loi civile agit et commande seule. Voilà la position que la royauté de Louis-Philippe a restituée à la religion, position qui la préserve à la fois des insultes de l’impiété, des violences du pouvoir et des excès du fanatisme. »

A l’heure où les ministres tenaient ce langage, que voulait l’opinion publique ? Qu’on recherche les journaux, les discours de la majorité ; écrivains et députés sont unanimes : tout ce qui parlait, tout ce qui agissait, la chambre et les municipalités, les comités et la garde nationale réclamaient vis-à-vis du clergé une action plus énergique, étaient prêts à exiger des mesures de répression.

En 1832, on ne saurait trop le répéter, la politique facile était la politique violente ; en se laissant aller et en obéissant aux passions, on eût recueilli un triomphe éphémère et préparé de grands malheurs. Pour résister aux entraînemens de ses alliés, aux exigences de ses amis, il fallait dépenser bien autrement de force que pour céder.

La politique malaisée, la seule qui fasse honneur aux hommes et qui assure l’avenir, était donc, alors comme toujours, la politique de modération.

En présence de l’insistance des préfets, le ministre des cultes se décida à les arrêter tout net par une série d’instructions très claires, très précités et qui ne laissaient place à aucune équivoque.

« La question de la suppression des traitemens avait été examinée définitivement ; le droit de suspension ne résultait d’aucune loi.. ; la position du gouvernement, déjà si difficile vis-à-vis du clergé, deviendrait intolérable, si nous lui donnions jamais contre nous des armes qu’il ne possède point, en ne le traitant pas selon les lois ; dans l’état actuel de la législation, la retenue du mandat est une mesure extra-légale. Elle ne pourrait être prise que dans