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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




14 juin.

Certes, on abuse souvent des fêtes publiques en les multipliant sans mesure et sans discernement, en leur donnant le caractère de commémorations banales ou irritantes. Quand elles viennent à leur heure, quand elles répondent à un sentiment sincère et juste, elles sont une partie heureuse de la politique ; elles ramènent à la simple vérité des choses et elles reposent des vaines querelles, des conflits malfaisans, des violences ou des misères des partis.

Ainsi en a-t-il été de ces fêtes récentes de Nancy et de l’apparition de M. le président de la république au milieu des populations de l’Est. On avait besoin de sortir de cette atmosphère troublée et énervante où l’on vivait ces derniers mois ; on en avait assez des crimes anarchistes et des paniques, des défis socialistes, — et aussi des éternelles polémiques religieuses, des déclamations de secte, des interpellations, des guerres d’église. Le voyage de M. le président de la république dans l’Est est venu fort à propos dissiper ou intercepter ces nuages, nous ramener à un air plus sain, faire revivre, ne fût-ce qu’un instant, les sentimens simples de confiance et de paix. À la vérité, ce voyage du chef de l’État, ces fêtes préparées à Nancy pour le recevoir n’avaient pas laissé d’éveiller quelque doute, quelque inquiétude. On craignait un peu cette excursion nécessairement retentissante et les démonstrations ou les incidens qui pouvaient en être la suite. Les journaux allemands, pour leur part, n’avaient pas manqué de sonner l’alarme, de piquer les susceptibilités françaises en signalant comme une menace, presque comme un défi, cette réunion à la frontière, et ces agglomérations populaires et ces manifestations toujours possibles. On crai-