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huit à douze chiffres, si ce nombre est un carré parfait ; il met un peu plus de temps quand, à cette extraction de racines carrée ou cubique, il y a un reste. Il trouve, de même, avec une célérité incroyable, la racine sixième, la racine septième d’un nombre de plusieurs chiffres. Il fait une division, une multiplication en moins de temps qu’il ne faut pour l’énoncer. »

Pour compléter ces indications, nous donnerons l’exemple d’un problème. On demande à M. Inaudi combien il y a de secondes en 18 ans 7 mois 21 jours 3 heures. La réponse est trouvée en treize secondes. Il convient de remarquer que M. Inaudi connaît d’avance le nombre de secondes contenues dans le mois, l’année et le jour.

Ces mesures ne nous donnent peut-être pas une idée bien nette de la rapidité des calculs, parce que nous manquons en général de termes de comparaison pour les apprécier. J’ai pensé qu’il pourrait être intéressant de prendre, pour objet de mesure, une série d’opérations arithmétiques présentant une complexité régulièrement croissante ; les termes les plus complexes de la série ne peuvent être exécutés mentalement que par M. Inaudi ; mais les premiers termes sont accessibles à peu près à tout le monde. Prenons, pour fixer les idées, l’exemple d’une addition à faire de tête. La plus simple des opérations sera l’addition de deux chiffres, comme 8 + 7 : c’est une opération que chacun peut faire de tête sans grand effort. Une opération un peu plus compliquée, c’est l’addition de deux nombres ayant chacun deux chiffres, comme 98 + 35 ; en général, on arrive à faire cette addition mentalement. Puis vient une addition de trois chiffres, 389 + 623, qui est peut-être impossible pour beaucoup de personnes ; puis une addition de quatre chiffres, et ainsi de suite. Nous avons fait cette série d’expériences, avec M. Inaudi, non-seulement pour l’addition, mais pour la soustraction, la multiplication et la division.

Voici un aperçu des résultats ; les temps, indiqués en secondes, s’appliquent à des opérations dont la complexité croît comme il vient d’être dit :

Addition : 0",8, — 0",8, — 1",4, — 2",2, — 3",4, etc.
Soustraction : 0",8, — 0",8, — 1",6, — 2",8, — 4",4, etc.
Multiplication : (à chaque nouvelle opération, les deux facteurs augmentent chacun d’un chiffre), 0",6, — 2",0 — 6",4, — 21", etc.
Division : 0",8, — 1",4, — 2", 4, — 1", 8, — 4", 2, etc.

Pour achever d’éclaircir l’explication de ce tableau, un exemple suffira : le temps égal à 21", indiqué dans la série des multiplica-