puissans nous enchantent dans l’art antique, ce sont ces contemporains-là. Son groupe de la Trempée, une robuste Bretonne présentant aux coups de la vague montante son gamin récalcitrant, marque bien cet amour simultané de la nature puissante et de l’art classique. C’est un morceau fier et hardi, une sorte d’idylle héroïque. M. Chigot, dans sa vaste toile, Échouage par un gros temps, a voulu appliquer la même pensée à une composition plus importante ; son groupe de pêcheurs, tirant sur le câble, contient des figures bien campées, d’un mouvement juste et hardi, mais l’exécution générale reste trop molle et trop indécise pour de pareilles dimensions.
Autour de M. Jules Breton se rangent, comme d’habitude, portant de près ou de loin son empreinte, M. Billet avec sa Femme de pêcheur, Mlle Aline Billet, artiste d’un talent ferme et sérieux (sa toile des Contrebandiers chevauchant, dans la neige, sur des montures fatiguées, avec une bande de chiens chargés de marchandises, est une des toiles les mieux peintes de la série), M. Émile Adan, avec son Retour des champs, M. Adrien Moreau, avec sa Baignade, scènes agréables qui, sans nous rien apprendre de nouveau sur le talent distingué de ces artistes, prendront bonne place dans l’ensemble de leurs œuvres, M. Denneulin, avec son Portrait du mousse et son Soir à Heyst, anecdotes d’une facture encore un peu lourde, mais où les figures sont soigneusement précisées et le paysage bien compris. Le peintre qui donne le plus d’accent à des figures, je ne dis pas populaires, mais vulgaires (car il se complaît surtout aux vulgarités, qu’elles soient plébéiennes ou bourgeoises), est, à l’heure actuelle, M. Buland. Il apporte en cette besogne une certaine brutalité incisive dans le découpage des silhouettes en même temps qu’une délicatesse assez raffinée dans le détail des physionomies, qui donnent à ses œuvres, si peu attrayantes qu’elles soient à première vue, une valeur réelle et durable. Ses tableaux sont une singulière mixture de Paul de Kock pour l’intention et de Holbein pour l’exécution. Ses deux Plaideurs au greffe, une vieille dame et un paysan endimanchés, qui s’entendent, d’un air ahuri, remettre à huitaine, ses Buveurs ou On a souvent besoin d’un plus petit que soi, c’est-à-dire un cabaretier électeur versant à boire à un agent électoral et à un ouvrier, ont tout juste la portée des caricatures les plus banales ; mais l’observation y est si juste et si pénétrante, les physionomies y sont si franches et si vraies, l’exécution en est si résolue et si nette que le dehors sauve le dedans. Nous ne demandons pas que M. Buland abandonne le pinceau pour le crayon, mais combien de nos caricaturistes, si piètres successeurs de Daumier et de Gavarni, auraient besoin d’aller à son école ! Il faut bien le dire, dans