des conservateurs dont la proportion varie. Ce sont tantôt les conservateurs, tantôt les républicains qui ont la majorité. Les uns. et les autres cependant représentent leur commune, puisqu’ils ont été nommés en même temps par elle. Qu’en conclurez-vous ? C’est la majorité qui décide, oui, sans doute. Légalement, rien de plus clair ; moralement, c’est un pays divisé, tout au moins peu passionné pour les querelles de partis, et ce serait une puérilité de donner à ce pays une couleur conservatrice ou républicaine trop tranchée, dans un classement qui ne serait plus qu’une œuvre de fantaisie. Combien de communes après comme avant les élections sont dans ce cas !
A regarder de près sans subterfuge, sans esprit de parti et de vaine contestation, ces scrutins municipaux, votes du 1er mai et ballottages du 8 mai, on serait tenté de dire que tous les commentaires auxquels on se livre dépassent la réalité, que, dans le fond, rien n’est sensiblement changé. Quelques déplacemens, quelques élections plus ou moins criantes ne sont pas une affaire. Sans doute, les socialistes ont essayé de profiter de l’occasion pour forcer la porte des conseils municipaux et ils ont même réussi sur quelques points. Il y a des socialistes élus à Toulouse, il y a des socialistes à Marseille ; il y en a à Grenoble et dans quelques villes industrielles du Nord ; il n’y en a plus à Roanne, à Saint-Étienne, à Troyes, où ils avaient un instant, dans ces dernières années, surpris le suffrage universel. Les socialistes ont échoué surtout à Fourmies, où ils se flattaient de frapper un grand coup, où ils ont paru concentrer aux derniers jours leurs plus violens efforts de propagande. Vainement les chefs de l’agitation, M. Paul Lafargue, M. Guesde, qui s’étaient donné rendez-vous dans la malheureuse ville, ont essayé d’ameuter les passions, de prêcher la guerre sociale, de réchauffer et d’exploiter les douloureux souvenirs de l’échauffourée meurtrière de l’an passé : ils se sont heurtés contre le bon sens populaire qui les a désavoués avec éclat. Les socialistes ont échoué à Fourmies comme « ailleurs, plus qu’ailleurs, et, en définitive, ils ne sont qu’un petit nombre comptant à peine dans cette masse des 36,000 communes françaises. Les républicains, qui ont depuis longtemps envahi les conseils, ont cette fois encore gagné quelques élections ; ils en ont perdu quelques autres, et il resterait toujours à savoir ce que sont ces républicains de localité, ce que signifient exactement ces listes où toutes les nuances se marient. Les conservateurs, à leur tour, ont été exclus de quelques municipalités, ils sont entrés avec avantage dans d’autres.
C’est l’éternelle histoire. Tout cela se compense dans l’ensemble. Une de ces statistiques qu’on appelle toujours en témoignage, qui sont toujours complaisantes, expliquait récemment, à la veille du 1er mai, qu’il y avait un peu plus de 20,000 conseils républicains et un peu plus