la peau dont sont couverts ces parasites n’est point soluble dans les sucs intestinaux et n’est pas plus attaquée sur eux vivans qu’elle ne le serait après leur mort.
Le mouvement vital n’est, après tout, qu’une modalité épisodique de la faculté universelle qu’ont les corps simples et les composés chimiques de réagir les uns sur les autres. Il exige pour se manifester, comme toute autre réaction, des circonstances définies et même comprises entre d’étroites limites de pression, de température, de lumière qui le restreignent singulièrement et le localisent dans un poids de matière à peine appréciable, si on le compare à celui du globe terrestre, sur lequel elle est répandue.
Mais ce que nous ignorons et de la façon la plus absolue, c’est l’essence propre de ces réactions intimes dont nous ne pouvons dans beaucoup de cas donner la formule rigoureuse et encore moins établir l’équivalent thermique ; c’est en quelque sorte la qualité générique de ces mouvemens à la fois particuliers et infiniment variés qui se passent incessamment dans toutes ou presque toutes les parties des corps vivans. Nous savons que le mouvement vital chez chaque individu doit prendre fin à un moment donné : c’est la mort. Nous avons mille moyens de provoquer l’arrêt du mouvement vital. Nous n’en avons aucun de le faire naître. Nous pouvons seulement le propager en quelque sorte, quand nous lui fournissons par les alimens, par la génération, le substratum matériel nécessaire à son existence et à son développement. Nous pouvons de même le dévoyer et lui faire produire des monstres. Nous sommes impuissans à le faire apparaître où il n’existe pas.
Et alors nous sommes conduits à cette autre considération que le mouvement vital est continu. On avait cru autrefois pouvoir le suspendre. On pensait que des graines, des êtres vivans pouvaient mourir momentanément, et celles-là garder intacte leur faculté de germer, ceux-ci revenir à une existence nouvelle quand on les plaçait dans les conditions voulues. Les animaux reviviscens ont beaucoup excité l’attention, mais on ne s’en était guère préoccupé jusqu’alors que pour y étudier la prétendue suspension de la vie. L’intérêt est autre. En réalité, ces êtres continuent de vivre, mais extrêmement peu. Le mouvement vital n’est pas suspendu, mais considérablement amoindri plutôt que ralenti comme la vibration d’une corde sonore qui perd de son intensité jusqu’à n’être plus entendue, alors que le doigt la sent frémir encore. L’esprit d’Edmond About avait créé sur cette donnée des animaux ressuscitans un conte fort amusant, un homme qu’on rappelle à la vie au bout d’un demi-siècle et qui se retrouve tel qu’on l’avait endormi. Avec nos idées, l’Homme à l’oreille cassée a dû vieillir